Ils ont également déploré la passivité des organisations estudiantines qui se sont mises au service de l'administration. Des dizaines d'étudiants de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont observé, hier en début d'après midi, un rassemblement pour dénoncer la sauvage répression policière et les interpellations musclées dont ont fait l'objet les étudiants lors de la 33e marche, avant-hier mardi, à Alger. Lors de cette action de protestation, organisée devant l'ex-bibliothèque centrale de Hasnaoua, ses initiateurs ont d'emblée réitéré l'engagement des étudiants de l'université de Tizi Ouzou dans la révolution du 22 février, dénoncé la répression qui cible les étudiants et la communauté universitaire et aussi demandé la libération sans condition de l'ensemble des détenus d'opinion arrêtés arbitrairement depuis juin dernier. Lors de ce rassemblement, un soutien particulier a été apporté à Smaïl Chebili, ce jeune étudiant de 24 ans à la faculté de médecine de Tizi Ouzou, qui a été arrêté à Alger lors du 32e vendredi. "Lors de son arrestation, il avait, en guise de cache-nez noué autour du cou, un drapeau berbère ainsi qu'un drapeau national sur le dos", ont précisé ses amis, expliquant que "Smaïl a raté sa dernière rentrée universitaire parce que, depuis vendredi 27 septembre, il passe ses journées et ses nuits en prison parce qu'il espère une Algérie réellement démocratique". Sur des pancartes brandies par les manifestants, on pouvait lire : "Libérez les détenus", "Libérez les otages", "Libérez Smaïl Chebili" ou encore "L'étudiant s'engage, système dégage". Ce rassemblement a été également l'occasion pour les participants d'expliquer les raisons de la démobilisation de l'université de Tizi Ouzou depuis la rentrée universitaire. "Les organisations autonomes des étudiants au sein de l'université sont prises en otage, en faveur de l'administration". C'est même cette prise d'otages qui est à l'origine de cette passivité observée lors des marches organisées chaque mardi par les étudiants à Tizi Ouzou, et qui ne drainent pas le nombre de marcheurs espéré", a dénoncé Amirouche, un étudiant de l'UMMTO, soulignant que "les instruments de lutte syndicale qui sont légitimes, crédibles et représentatifs, censés aussi activer dans l'intérêt général de l'université, sont pris en otage et remplacés par des organisations satellites". Son camarade, Jugurtha, a, quant à lui, réaffirmé que "l'UMMTO a toujours été le berceau du militantisme et des luttes progressistes, et ce n'est pas aujourd'hui que nous allons changer". Pour lui, l'université de Tizi Ouzou s'est toujours impliquée dans les luttes démocratiques et elle reste déterminée à poursuivre ce combat encore aujourd'hui aux côtés du peuple. "Nous allons rester à l'avant-garde de toutes les luttes présentes dans le pays", a-t-il promis. K. Tighilt