Les citoyens ont affirmé leur refus d'un scrutin présidentiel organisé par les symboles du système. C'est avec beaucoup de volonté et de vigueur que les Oranais ont investi les artères principales du centre-ville pour dénoncer l'organisation annoncée de la présidentielle du 12 décembre et réaffirmer leur détermination à poursuivre leur lutte contre l'entêtement du chef d'état-major de l'armée à protéger le pouvoir. "Makanch intikhabat mâa el îssabat" (Pas d'élection avec la bande), "Bye bye Gaïd Salah, had el âam makanch el vote" (… cette année, pas de vote), ont notamment scandé les manifestants, convaincus que l'objectif non avoué de l'élection présidentielle est le recyclage du pouvoir. "Nous ne voulons plus des résidus du pouvoir", affirme un manifestant. Les manifestants ont ciblé Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui dont ils continuent d'exiger le départ comme préalable à l'organisation d'élections véritablement libres et transparentes. "La bêtise est de sortir pour déchoir Bouteflika pour ensuite prendre part à des élections organisées par le système de Bouteflika", explique très justement une jeune fille à travers une pancarte. Au cours de leur marche, les Oranais ont également scandé des slogans appelant à la libération des détenus politiques et d'opinion, notamment Karim Tabbou dont le portrait était brandi par de nombreux manifestants. "S'il fallait une seule preuve de l'hypocrisie du pouvoir, ce serait celle-ci : il nous demande de lui faire confiance alors qu'il jette en prison ceux qui osent le contredire. Comment croire en ces gens ?", s'indigne cette mère de famille en joignant sa voix à ceux qui chantent "Allah Akbar, Karim Tabbou". Lors de ce 33e vendredi de contestation, les Oranais ont réitéré leur refus de l'élection présidentielle sous la supervision du pouvoir en place et exigé la libération des détenus. Des voix ont également dénoncé l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures que le gouvernement Bedoui vient d'approuver. "Ils n'ont aucune légitimité pour légiférer, approuver ou rejeter des projets de loi. Les Algériens ne les reconnaissent pas, ils doivent tous partir maintenant que le peuple a décidé de prendre sa destinée en main", rejette une manifestante, tandis qu'un jeune brandit une pancarte sur laquelle il est écrit : "Votre crédit est insuffisant pour organiser ces élections. Veuillez contacter le peuple aux numéros 7 et 8" (en référence aux articles de la Constitution qui confèrent le pouvoir au peuple).