Tandis que John Malkovitch recevait sur la Piazza Grande le Léopard d'honneur, l'Afrique continuait à se dévoiler délicieusement dans la section Léopard de demain avec ses deux sous-sections rétrospective et compétition. On y retrouve beaucoup de courts métrages africains, mais on est loin de la représentation de la production africaine. C'est là un choix subjectif qui n'échappe point à certaines remarques. Dans la rétrospective, les organisateurs ont misé sur quelques noms qui ont déjà rejoint la cour des longs métrages. Parmi eux, figurent Lahzouli Hassan avec Quand le soleil fait tomber les moineaux (1999) et Ferrroukhi Smaïl avec L'Exposé (1992). Ces deux réalisateurs qui ont annoncé lors de ces courts métrages leur vision, leur style et surtout leur talent ont fini par gratifier le public avec respectivement Tenja (2004) et Le Grand voyage (2004). À leurs côtés, on donne aussi Abderrahmane Sissakou avec notamment Le Chameau et les bâtons flottants (1996). Aussi intéressante que soit cette programmation, l'attention est tournée vers les compétiteurs qui combattent avec des armes inégales. Même si l'on peut d'ores et déjà disqualifier certains, le pronostic est toujours délicat surtout quand on sait que les décisions du jury étonnent plus d'un. Toutefois, le film favori est évidemment Signe d'appartenance, de Kamel Chérif qui entre dans l'arène sur le dos d'un lion vénitien. Cela ne lui donne pas toutes les chances tant que plusieurs films viennent lui rendre la tâche difficile. Parmi eux, figurent Aligato (2003), de Maka Sidibé, Une place au soleil (2004), de Rachid Benlounis et The One that fits inside the bathtub (2004), de Inger Smith. Le premier aborde le dialogue culturel au sein d'un couple afro-japonais et le deuxième traite du sort des émigrés retraités en France. Le troisième, quant à lui, se veut un exercice stylistique, une sorte de poème ironique qui risque de faire vibrer les cordes intérieures des membres du jury. En attendant, la chasse continue et le félin locarnais, même affaibli, se montre imprenable. Pas pour longtemps. T. H.