Brandissant les drapeaux national et amazigh aux côtés des portraits des détenus, les marcheurs ont scandé des slogans anti-pouvoir et contre le processus électoral en cours. Deux marches populaires ont été organisées hier aux chefs-lieux de daïra de Kherrata et de Béni Maouche, à Béjaïa, pour signifier le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain et réclamer la libération des détenus d'opinion. Les deux actions synchronisées ont drainé plusieurs milliers de citoyens, avec les mêmes mots d'ordre : "Le rejet massif de la mascarade électorale du 12 décembre", "La libération immédiate et inconditionnelle de l'ensemble des prisonniers politiques et d'opinion", "Le départ définitif de tous les symboles du régime" et "Le changement radical du système politique à travers un processus transitionnel et constituant". Si la population de Kherrata était à son énième rendez-vous hebdomadaire, celle de Béni Maouche a eu à réinvestir la rue pour la seconde fois depuis le début de la révolution pacifique du 22 février. Les Kherratis qui ont été les premiers à sortir en masse dans la rue le 16 février dernier pour s'opposer au 5e mandat de l'ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, ont battu le pavé, hier, depuis le stade communal jusqu'au siège de la daïra, en passant par le centre-ville de Kherrata. À Béni Maouche, la marche qui s'est ébranlée vers 10h30 depuis la placette Si H'mimi-Oufadel, jouxtant le siège de l'APC, a été menée parallèlement à une grève générale des commerçants et de l'administration locale. La procession humaine qui a repris les slogans chers au mouvement populaire, a emprunté l'artère principale du chef-lieu communal, allant du siège de la mairie jusqu'à celui de la daïra, avant de revenir au point de départ. Brandissant les drapeaux national et amazigh aux côtés des portraits de certains détenus, dont celui du jeune manifestant Nacer Timsi, arrêté à Alger, les marcheurs ont scandé tout au long de leur parcours des slogans hostiles au pouvoir en place et au processus électoral en cours. À noter que la manifestation organisée, hier, à Béni Maouche a été couronnée par un meeting organisé devant le siège de l'APC, au cours duquel de nombreux intervenants, dont les députés du RCD Atmane Mazouz et Nora Ouali, le parlementaire démissionnaire Khaled Tazaghart, le responsable du CDDH de Béjaïa, Hocine Boumedjane, ont appelé la population de la région à rester mobilisée et vigilante jusqu'à la chute définitive du régime. "Makanch intikhabate ma3a el-issabate" (Pas d'élections avec les gangs), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Dirou el-intikhabat fi el Îmarate" (Organisez vos élections aux Emirats).