Malgré les affres de la détention, les détenus d'opinion restent déterminés à poursuivre leur combat pour une Algérie démocratique. Selon des avocats de la défense des détenus, les prisonniers, à l'instar du moudjahid Lakhdar Bouregâa et de Fodil Boumala, gardent le moral et ne sont pas près d'accorder des concessions au pouvoir. Selon deux avocats, à savoir Mes Hakim Saheb et Abdelghani Badi, qui ont rendu visite aux détenus, l'ancien combattant de la guerre de Libération refuse même de quitter la prison avant de voir les autres détenus politiques recouvrer leur liberté. "Le commandant Bouregâa, plus tranchant, récuse toute idée de demande de liberté provisoire. Il décrie l'arbitraire et l'injustice qui frappent les manifestants porteurs du drapeau amazigh et ne voudrait pas quitter la prison tant que ces jeunes détenus ne sont pas libérés. Ni la maladie, ni le poids des ans, ni les conditions peu réjouissantes de l'incarcération n'ont pu altérer sa lucidité et sa détermination", témoigne Me Hakim Saheb. "Je refuse d'être libéré avant la libération de tous les jeunes du hirak sans exception. Même si on me propose de sortir, je dirai non", rapporte, de son côté, Me Abdelghani Badi. Cette détermination est perceptible chez les autres détenus politiques, déclarent les avocats. C'est le cas de Fodil Boumala qui "est resté prolifique dans son analyse de la situation politique actuelle et des espérances nées du mouvement révolutionnaire du 22 février. Il était tellement intarissable sur le sujet que nous en avions oublié que nous étions dans une prison", témoigne Hakim Saheb qui a rendu visite aux détenus, en compagnie d'autres confrères. Plus globalement, ces détenus politiques "font preuve d'un moral d'acier, malgré leur jeunesse et nonobstant la prorogation du mandat de dépôt qui a été signifiée à certains d'entre eux durant la matinée". La semaine dernière, les avocats de Karim Tabbou, qui croupit à la prison de Koléa, ont décrit un "homme déterminé" et au "moral d'acier" malgré les conditions de détention qui sont loin d'être les meilleures. Les rangs de ces détenus ont grossi avec le temps. En effet, d'autres prisonniers politiques ont été incarcérés ces dernières semaines, particulièrement à Alger. Certains ont même vu la décision de les mettre sous mandat de dépôt confortée, lundi, par le tribunal d'Alger. "Au moment où le peuple algérien, uni et pacifique, grave son nom en lettres d'or dans l'Histoire de l'Algérie de demain, les juges, à l'inverse, servent de moyen de répression au pouvoir", a, d'ailleurs, dénoncé le Comité national pour la libération des détenus dans un communiqué. "Aucune répression, aucune justice — surtout la soumise —, aucune secte et aucun pouvoir ne peuvent arrêter tout un peuple en marche uni et pacifique et plus que jamais mobilisé pour la libération de l'Algérie", note encore le CNLD.