La chambre d'accusation près la cour d'Alger a confirmé, hier, l'ordonnance portant détention préventive du journaliste et activiste politique Fodil Boumala. Arrêté le 18 septembre dernier à 20h30, à proximité de son domicile à la cité Les Bananiers, Bab Ezzouar, par des éléments des services de sécurité, Fodil Boumala a été présenté le lendemain devant le procureur du tribunal de Dar El Beïda, qui a décidé de le présenter devant le juge d'instruction du même tribunal. Ce dernier a finalement placé Boumala en détention provisoire. Fodil Boumala, qui se trouve à la prison d'El Harrach, a pris part à toutes les manifestations pacifiques des vendredis, et ce, depuis le 22 février. Figure emblématique du mouvement citoyen contre le système, Boumala, qui n'a cessé de dénoncer les arrestations et interpellations tous azimuts, se rendait dans tous les tribunaux pour soutenir les détenus. Il n'a pas caché également, comme l'ensemble des participants au mouvement populaire, son opposition au pouvoir et à ses pratiques. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), Boumala, qui participait à des débats et animait même des discussions dans les lieux publics, a été kidnappé devant sa maison et à une heure tardive. Il est poursuivi, selon son avocat Me Bouchachi, pour «atteinte à l'unité nationale» et «diffusion de tracts susceptibles de porter préjudice à l'intérêt national». C'est la troisième personnalité du hirak, après Karim Tabbou et Samir Belarbi, à être placée en détention provisoire à quelques jours d'intervalle. L'arrestation de Boumala a été dénoncée par des formations politiques, des syndicalistes, le CNLD, des animateurs du mouvement populaire et par des citoyens, notamment sur les réseaux sociaux. Cette arrestation et cet emprisonnement sont considérés par le CNLD «comme une tentative de décapiter» le mouvement pour «en finir avec la contestation citoyenne». Maître Abdelghani Badi, avocat du détenu, a également qualifié l'arrestation de son mandant de «kidnapping». «L'arrestation de Fodil Boumala, de Samir Belarbi, comme celle de Karim Tabbou, tout récemment, ajoutée à celle des porteurs du drapeau amazigh et tous les manifestants du vendredi, confirme que la tentation répressive du pouvoir est toujours de mise.»