Ils ont fait l'objet de pressions et d'intimidations exercées par des enseignants et/ou l'administration, allant jusqu'aux menaces d'exclusion en raison de leur engagement dans le "hirak". C'est par le slogan fétiche "Dawla madania, machi âaskaria" que la communauté universitaire de Constantine a entamé la 35e marche du mardi. Moins nombreux que la semaine dernière, ils étaient néanmoins plus bruyants, démontrant une détermination sans faille de poursuivre le combat de la "dignité, de la liberté et de la justice sociale", qui n'est autre qu'un mot d'ordre de plus scandé longuement, hier, par les étudiants des différentes universités de Constantine. Des étudiants dont certains ont fait l'objet de pressions et d'intimidations exercées par certains enseignants et/ou l'administration, allant jusqu'aux menaces d'exclusion, selon eux, en raison de leur engagement dans le hirak et au motif fallacieux d'absence concernant uniquement la journée du mardi. Cette préoccupation sera certainement abordée lors de l'assemblée générale des étudiants des universités de Constantine prévue dimanche prochain au campus central Frères-Mentouri. Un rassemblement qui sera consacré à la nécessité de remobilisation de la communauté universitaire tant il est vrai que sa dynamique n'est plus ce qu'elle était au printemps dernier. À Constantine particulièrement, des marches grandioses, rarement égalées, sont à l'actif de cette communauté, qui a répondu favorablement et de manière admirable à l'appel du peuple dès le 22 février dernier. Depuis, enseignants et étudiants ont scrupuleusement respecté le rendez-vous du mardi, parvenant depuis quelques semaines à drainer dans leurs processions des citoyens de divers horizons. Un scénario reproduit à l'identique à l'occasion de la marche d'hier qui s'est ébranlée depuis le point de ralliement traditionnel, à savoir la place Colonel-Amirouche, communément connue sous le nom de La Pyramide. Entonnant des chants et scandant des slogans désormais coutumiers, le long de la rue Abane-Ramdane et à la place des Martyrs, ils marqueront une première halte devant la Maison des syndicats pour y scander "Hadi îssaba machi nakaba" (C'est un gang et non un syndicat), faisant allusion à l'asservissement de l'UGTA durant le règne de Bouteflika et appelant à la naissance d'un syndicat libre et indépendant : "Naqaba horra moustaqila". Devant la cour de justice et le tribunal de Constantine, les étudiants ne manqueront pas d'afficher de nouveau leur solidarité avec les détenus d'opinion et les activistes du hirak emprisonnés et reprendront d'autres slogans, tels que "Libérez khawetna" (Libérez nos frères) et formuleront comme doléances "Sahafa hora, âadala moustakila" (Presse libre, justice indépendante). Et, fidèle à sa tradition, le 35e acte de mobilisation de la communauté universitaire à Constantine s'achèvera là où il avait commencé, à savoir La Pyramide, par l'hymne national Qassaman et la tenue d'une agora où les intervenants ont mis l'accent sur l'essence politique des demandes du hirak et les risques de son dévoiement s'il emprunte un caractère éminemment social, relevant que des tentatives d'infiltration du mouvement dans cette brèche ne sont pas à écarter.