Comme les autres pays de la région, l'Irak n'échappe pas aux rivalités régionales entre l'Iran et des pays du Golfe, à leur tête l'Arabie Saoudite, qui ne veulent pas d'un pouvoir dominé par les chiites à Bagdad. Les manifestations politiques et sociales se sont poursuivies en Irak, faisant au moins 15 nouvelles victimes, malgré l'annonce des mesures d'apaisement par le gouvernement du Premier ministre Adel Abdel Mahdi, samedi dernier, alors que cette crise a remis au goût du jour les rivalités confessionnelles sunnites-chiites dans la région. Ces affrontements ont eu lieu dans le quartier de Sadr City, un bastion du leader chiite Moqtada Sadr, qui a appelé vendredi à la démission du gouvernement, accusé entre autres par les manifestants de corruption. Les forces de sécurité ont tiré encore à balles réelles pour disperser des manifestants déterminés à faire tomber le gouvernement, qui accusent des parties tapies dans l'ombre de replonger le pays dans le chaos. Selon un dernier bilan fourni par le porte-parole du ministère de l'Intérieur, 104 personnes, dont 8 membres des forces de sécurité, ont été tuées et plus de 6000 blessées depuis le début de la contestation, mardi dernier. La plupart des morts sont des manifestants, dont une majorité tuée par balles, selon des sources médicales. Mais après 6 jours de manifestations meurtrières, les choses se compliquent de plus en plus et prennent la dimension d'une crise régionale, avec un allié iranien du gouvernement à majorité chiite à Bagdad, qui a accusé hier des "ennemis" de chercher à "semer la discorde" entre les deux pays, et l'ancien occupant américain qui met la pression sur Adel Abdel Mahdi. Pour rappel, plusieurs responsables iraniens ont accusé la semaine passée les "ennemis" de l'Iran – notamment les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et Israël – d'être à l'origine des manifestations en Irak. " Des mains étrangères diaboliques (...) tentent maintenant de déstabiliser l'Irak", a écrit vendredi sur twitter Hossein Amir Abdollahian, conseiller en relations internationales au Parlement. "Ce complot sera aussi déjoué", a-t-il ajouté. Hier, le porte-parole du gouvernement Ali Rabiei a affirmé que des "ennemis tentent de saboter toute ouverture (des relations) entre (l'Iran) et ses voisins". Aussi, la sortie d'hier du chef de Hachd al-Chaâbi, la force paramilitaire chiite qui dispose d'un bloc parlementaire, a ajouté aux inquiétudes déjà exprimées par l'ONU et plusieurs pays face à cette crise que traverse l'Irak. Dénonçant des "comploteurs", Faleh al-Fayyadh a prévenu que "le Hachd voulait la chute de la corruption et non la chute du régime", répondant à l'un des slogans scandés par les manifestants au cours de la semaine écoulée. Le chef du Hachd al-Chaâbi, désormais en grande partie intégré aux troupes régulières irakiennes, a en outre affirmé "savoir qui est derrière les manifestations et qui a planifié une chute du régime, un plan qui a échoué". "Ils seront punis", a-t-il ajouté. Les autorités irakiennes ont déjà accusé des "saboteurs" et des "tireurs non identifiés" infiltrés de cibler manifestants et forces de l'ordre.