Si pour la majorité des partis politiques la décision de descendre dans l'arène est déjà prise, pour les archs, les choses ne semblent pas encore claires pour le moment. Lors du dernier conclave tenu à Tizi Rached, les délégués ont clairement affiché leur volonté de s'impliquer et de jouer un rôle actif lors de ces élections mais sans toutefois définir de quelle manière ils comptent agir. Se présenter sur des listes, parrainer des listes ou exclure carrément leur participation sont autant d'options en discussion entre délégués. Mais pour légitimer l'option qui finira de toute manière par être choisie, les délégués ont préféré, lors du même conclave, s'en remettre à la population et se concerter avec elle. Contacté pour plus d'explications à ce sujet, Belaïd Abrika dira : “Notre tradition veut qu'à chaque échéance importante on retourne à la base citoyenne avec laquelle nous nous concertons, et cette fois encore, nous ne comptons pas agir autrement, il s'agit de l'avenir de la région et surtout de remettre sur les rails les collectivités locales qui ont passé trois années dans le chaos. Les citoyens sont directement concernés, et c'est principalement pour cette raison qu'on a pris la décision d'engager une profonde réflexion avec eux pour arrêter la démarche à suivre.” Sur l'éventualité de la participation directe des délégués à cette échéance, Mohand Amara, membre de la délégation en charge du dialogue avec le Chef du gouvernement, dira au nom de la coordination de Tizi Rached, et après concertation avec les autres délégués, que “dans tous les cas de figure, les délégués des archs ne se porteront pas candidats conformément au code de l'honneur qui leur interdit de briguer un mandat électoral tant qu'ils se prévalent de ce statut”. Quant au rôle donc à jouer, ce même délégué explique “qu'il reste tributaire d'un ensemble de facteurs dont le principal est la finalisation du dialogue sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur”, car, estime-t-il, “l'objectif stratégique du mouvement des archs demeurera toujours la mise en œuvre de cette plate-forme et, partant, toutes les décisions seront prises dans la seule optique de faciliter l'accomplissement de cette mission historique de longue haleine qui vise à promouvoir la citoyenneté et à restituer au peuple sa souveraineté confisquée”. Yazid Kaci, de la coordination de Tizi Ouzou, ira jusqu'à dire que “ces élections sont un non-événement”. Pour l'implication des archs, cette question s'est achevée avec le départ des “indus” élus qui revêt un caractère symbolique, dans le sens où il constitue une victoire de la volonté populaire sur le formalisme politique. Rachid Allouache, délégué de la coordination d'Aït Djennad, et membre lui aussi de la délégation, estime que “bien que les élections partielles aient leur importance, elles ne constituent pas une grande priorité pour le mouvement citoyen qui préfère se consacrer à l'immense chantier de la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur”. Sur la question de la participation des archs, Rachid Allouache expliquera qu'“en tant que mouvement citoyen, on n'a jamais songé à accaparer le pouvoir ou à le partager ; ce n'est pas notre objectif, nous cherchons plutôt une solution globable et finale à la crise de la région. Pour débattre de ces solutions justement on s'est penché sur l'élaboration d'un certain nombre de propositions, on a décidé d'organiser un regroupement pour élargir et approfondir la réflexion”. Sur sa lancée, le délégué d'Aït Djennad ajoutera que “les délégués des archs se sont toujours sacrifiés pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, et ils continueront toujours à le faire par respect à la ligne de conduite arrêtée depuis le début, mais le jour où la plate-forme d'El-Kseur sera entièrement satisfaite, libre à eux d'activer dans un autre cadre, de postuler et de briguer un mandat”. Interrogés sur le bras de fer qui s'annonce déjà entre les différents acteurs politiques, les délégués tentent plutôt d'apaiser les esprits en prônant la sagesse, tout en réaffirmant le caractère pacifique et transpartisan du mouvement citoyen. Sur ce point, Rachid Allouache dira : “De notre côté, on accepte le débat contradictoire, et nous ferons tout pour éviter la violence sous toutes ses formes. Nous espérons que cette période sera marquée par le respect mutuel entre ces acteurs”, car, estime-t-il, “il est temps qu'on tourne la page sans perdre de vue l'avenir de la région”. Le porte-parole de la délégation des archs, Belaïd Abrika, tient à rappeler lui aussi que “le seul objectif du mouvement des archs est de faire sortir la région du chaos et de canaliser tous nos efforts pour réussir cet objectif, sinon pour le reste nous prônons toujours la sagesse et notre mouvement restera toujours respectueux des partis politiques”. Des déclarations qui laissent comprendre que les archs ne sont pas prêts à jouer la carte de la confrontation. Pour eux, en tout cas, l'heure est à la concertation pour arrêter la position finale vis-à-vis de ces élections. Samir Leslous