Le conclave d'urgence de l'Interwilayas des archs, tenu avant-hier à la maison de la culture de Béjaïa, a eu toutes les difficultés du monde à imposer un consensus autour de la question brûlante du dialogue. Encore moins autour du référendum de demain. La réunion marathonienne, qui n'a pris fin que vers 8 h hier, a été sanctionnée par une déclaration-appel : « Suite au discours du chef de l'Etat quant à la négation du caractère officiel de la langue amazighe, l'Interwilayas réunie en conclave extraordinaire d'urgence appelle les citoyens et citoyennes à observer une grève générale le 29 septembre 2005 pour l'officialisation de tamazight. » Succincte, la déclaration fait, aux yeux des observateurs, l'économie de la littérature traditionnelle du mouvement et d'une position claire par rapport au référendum pour lequel les archs avaient estimé, lors de la rencontre de Béni Ourtilane, plus judicieux de laisser « libre choix » à la population autant pour le référendum que pour les partielles du 24 octobre. « La grève générale suppose un boycott », nous dit le délégué de Semaoune, Djoudi Hammouche. Le document ne le dit pas, mais l'appel à la grève qui se détache de l'objet du référendum qu'est la charte pour la paix et la réconciliation est donc associé exclusivement à la seule revendication de l'officialisation de la langue amazighe, pierre d'achoppement du processus du dialogue Pouvoir-archs. « Il est ridicule de se rasseoir à la table des négociations », pensent, en substance, la plupart des délégués, accablés par la nouvelle volte-face du Pouvoir. Certains parmi les conclavistes d'avant-hier ne cachaient pas leur colère face à la remise en cause des engagements pris par le chef du gouvernement en janvier dernier, tandis que d'autres espéraient que le président de la République revienne sur ses propos. Les premiers ont tenté de ramener toute la composante à décider sur-le-champ de la rupture du dialogue au moment où les seconds ont préféré jouer la carte de la prudence. Selon des indiscrétions, la rencontre d'avant-hier s'étant tenue à huis clos, la recherche d'un consensus autour de ce point n'était pas une sinécure. Rupture ou maintien ? Décision a été prise de transférer la question au prochain conclave ordinaire qui se tiendra le 6 octobre à El Esnam (Bouira). « La décision est tellement importante qu'il fallait la soumettre à une interwilayas. Cela d'autant plus qu'il n'y avait pas une forte présence au conclave d'hier (lundi, ndlr) », nous a déclaré le délégué de Semaoune qui ne nourrit pas trop l'espoir de voir le Président Bouteflika revenir à de meilleurs sentiments. L'ajournement de la décision officielle du mouvement au sujet du dialogue à l'après-référendum traduit l'espoir des modérés parmi les « dialoguistes » de voir passer la fièvre de la campagne référendaire et espérer aussi un remake du scénario du « trois fois jamais ». L'essentiel de la délégation de Béjaïa, rejoint par celle de Bouira, a dû rallier la proposition de Bélaïd Abrika et ses camarades de la CADC venus défendre le principe de laisser la souveraineté de la décision à l'Interwilayas ordinaire d'El Esnam. Limité aux représentants des présidences tournantes des six wilayas : Batna, Boumerdès, Sétif, Bouira, Béjaïa et Tizi Ouzou, le conclave de Béjaïa aura laissé des questions en suspens et a permis d'aligner cette aile des archs sur la même ligne que les principaux acteurs politiques dans la région qui se sont déjà exprimés sur le rejet du référendum de ce jeudi 29 septembre.