Le président libanais Michel Aoun a chargé hier le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, d'expédier les affaires courantes du pays jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement, a annoncé le palais présidentiel dans un communiqué. Estimant qu'il se trouvait dans une impasse, M. Hariri a présenté hier après-midi la démission de son gouvernement formé en janvier dernier, au 13e jour d'une révolte populaire sans précédent dirigée contre l'ensemble de la classe politique. Dans un bref communiqué, M. Aoun a implicitement accepté cette démission, assurant qu'il avait "demandé au gouvernement de poursuivre la gestion des affaires courantes jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement", conformément à la Constitution libanaise. L'annonce du départ de M. Hariri s'est traduite hier par des signes de détente sur le terrain, avec la levée de la plupart des barrages installés par les manifestants. Mais elle ouvre une ère d'incertitude politique et ne répond que partiellement à la demande des manifestants qui réclament depuis le 17 octobre un chamboulement institutionnel pour se débarrasser de dirigeants jugés incompétents et corrompus. Le président de la Chambre, Nabih Berri, a indiqué hier que le pays ne peut plus supporter davantage de problèmes et de périls économiques et financiers. Lors de son entretien hebdomadaire avec les députés, il a affirmé que l'unité, l'ouverture et le dialogue entre les Libanais doivent prévaloir durant cette période. M. Berri a appelé à accélérer la formation du gouvernement et l'ouverture des routes, mettant en garde contre le désespoir quant à la sécurité du Liban. Le chef du parti Kataeb, le député Sami Gemayel, a estimé pour sa part que ce qui a eu lieu au Liban est une victoire pour l'avenir du pays, non d'une partie contre une autre. Lors d'une conférence de presse, le député a jugé que la démission du gouvernement n'est qu'un début, alors que la bataille n'a pas encore pris fin. Selon la presse, M. Hariri pourrait tenter de monter une équipe renouvelée, formée en majorité de technocrates reconnus pour leur compétence, mais il devrait se heurter à de nombreuses résistances politiques. Il pourrait jeter l'éponge s'il n'obtient pas gain de cause, estiment certains commentateurs. Conformément au système confessionnel qui régit la vie politique au Liban, le poste de Premier ministre revient à un membre de la communauté sunnite.