"On avait un grand espoir qu'il allait être libéré avant le 1er Novembre, car la symbolique est majeure. Mais, voilà que la justice a décidé de prolonger son mandat de dépôt", se désole son fils M'hamed. L'ancien chef de la Wilaya IV historique, le commandant Lakhdar Bouregâa, ne célébrera pas, vendredi, le 65e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution de Libération nationale. Du moins pas parmi les siens et ses compatriotes. Le vendredi 1er Novembre, le valeureux moudjahid le passera à la prison d'El-Harrach où il séjourne depuis quatre longs mois, placé qu'il est en détention préventive. Sa famille avait espéré le voir libre à cette occasion, même s'il refusait de quitter sa cellule tant que ne sont pas libérés les nombreux détenus d'opinion. Les juges en ont décidé autrement. Il y a trois jours, son mandat de dépôt a été renouvelé. Tous les appels à sa libération, lancés par ses amis de lutte et par les milliers, voire les millions d'Algériens qui se mobilisent chaque vendredi, sont restés vains. Sa famille ressent une grande déception, mais elle reste digne. "Nous sommes déçus. Je ne trouve pas de mots pour qualifier l'absence de mon père le jour où tous les Algériens manifestent pour célébrer le 65e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution et pour un Etat de droit. On avait un grand espoir qu'il allait être libéré avant le 1er Novembre, car la symbolique est majeure. Mais, voilà que la justice a décidé de prolonger son mandat de dépôt. Sincèrement, on n'espère rien", se désole son fils M'hamed, contacté par nos soins. "Mon père sera doublement absent demain pour sa famille et la famille révolutionnaire. C'est grave, car rien ne laisse présager qu'il sera libéré. Mais peut-être qu'avec le soutien de toutes les parties, les choses vont bouger après cette date historique", ajoutera M'hamed. Constant dans ses positions et convaincu de son combat, M. Bouregâa "garde le moral malgré son âge (87 ans, ndlr). Il est vrai que c'est un paradoxe qu'il se retrouve en prison à la veille du 1er Novembre, mais c'est quelqu'un qui prend la chose du bon côté. Il sait qu'il est en prison pour ses idées, son combat et son idéal. Le moudjahid Bouregâa ne regrette rien du tout", témoigne son avocat Adnane Meddour. Celui-ci a affirmé qu'un autre avocat qui "lui a rendu visite mardi à la prison d'El-Harrach a confirmé qu'il tenait bon". Pour rappel, M. Bouregâa a été placé sous mandat de dépôt le 30 juin dernier par le juge d'instruction près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs (Alger) pour, selon les chefs d'inculpation, "avoir participé à la démoralisation de l'armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale et à un corps constitué, des faits mentionnés et passibles de sanctions, cités dans les articles 75, 144 bis et 146 du code pénal". Quatre mois plus tard, le même juge a décidé de renouveler son mandat de dépôt.