Les mesures entreprises en 2016 et 2017 dans l'inclusion financière et de bancarisation de l'argent de l'informel se sont avérées inefficientes. Le problème de la bancarisation de l'argent qui circule dans l'informel ne trouve toujours pas de solution. Selon le gouverneur par intérim de la Banque d'Algérie, Amar Hiouani, plus de 5 000 milliards de dinars circulent actuellement en Algérie hors secteur bancaire, soit plus de 50% des encours des crédits accordés à l'ensemble de l'économie nationale. Dans une allocution prononcée, jeudi, lors d'une journée d'information sur l'épargne, tenue en présence du ministre des Finances, Mohamed Loukal, Amar Hiouani a précisé que "cette somme (5 000 milliards de dinars) représente, aussi plus de 30% de la masse monétaire totale du pays. Cela veut dire que la politique de l'épargne est déficiente". Le chiffre annoncé jeudi par le gouverneur par intérim de la Banque d'Algérie n'est pas loin de celui annoncé, l'année passée à la même occasion par l'ex-gouverneur, Mohamed Loukal, et qui évoquait 4 800 milliards de dinars, dont les petites épargnes des ménages, qui échappent également au système financier et qui tournent autour de 2 000 milliards de dinars. En somme, rien n'a vraiment changé en matière de bancarisation de l'argent de l'informel. Pis encore, la situation est de plus en plus dans le rouge puisque le chiffre est plus important que celui de 2017 qui, toujours selon la Banque d'Algérie, était de 4 780 milliards de dinars dont 1 500 à 2 000 milliards de dinars représentent l'argent thésaurisé des agents économiques. Les mesures entreprises en 2016 et 2017 dans l'inclusion financière et de bancarisation de l'argent de l'informel se sont avérées inefficientes. On citera, à ce titre, la mise en conformité fiscale volontaire et l'emprunt obligataire. Depuis, les pouvoirs publics ont multiplié les mesures sans pour autant arriver à endiguer le phénomène. Pour Amar Hiouani, "il ne s'agit pas seulement de reprocher aux banques d'être inefficaces et de ne pas être capables de collecter cette épargne. Il s'agit d'entamer des études sérieuses pour mettre le doigt sur les vrais motifs qui font que cette épargne n'atterrit pas dans le cercle bancaire", estimant que les questions qui doivent être posées et étudiées sont celles de savoir : "Est-ce que les banques n'ont pas offert des produits attractifs ou y a-t-il d'autres raisons ?". L'experte Meliha Aliouche, doctorante enseignante, présente à la rencontre, a indiqué à l'APS que "les Algériens se gardent de l'épargne car leurs revenus ne leur suffisent pas à faire face aux besoins de la vie de tous les jours". De son côté, le président de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), Brahim Semida, a estimé "qu'il faut trouver les voies et les moyens de passer d'une épargne passive à une épargne active, impliquant à la fois les citoyens y compris la diaspora, le gouvernement et la communauté des finances (banques et assurances)". Au final, il serait vain de parler de bancarisation en l'absence d'une volonté d'instaurer des mécanismes qui rendront obligatoire le paiement par chèque ou par virement de compte à compte. La bancarisation passe, également, par le e-paiement qui demeure insignifiant dans notre pays.