Promettant de continuer sur la lancée de la marche de vendredi dernier, la communauté universitaire est convaincue de la justesse de son combat. "Marchons pour la libération des détenus d'opinion, marchons pour dire non aux élections, marchons pour une Algérie meilleure." Les étudiants ont donné, sur les réseaux sociaux, un avant-goût du 37e mardi de mobilisation contre le système et ses symboles, les arrestations et les détentions préventives arbitraires, le scrutin du 12 décembre prochain. Pour les campus, la marche d'aujourd'hui constitue un événement historique qui intervient après celle du peuple qui a battu le pavé vendredi dernier à l'occasion du 65e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Les appels lancés par la communauté universitaire sur les réseaux sociaux sont, on ne peut mieux, expressifs et porteurs de messages forts après le 37e vendredi, estimant qu'"après la marche historique du 1er novembre, qui prouve une fois de plus que le peuple algérien est plus que jamais déterminé à faire tomber le pouvoir actuel, la communauté estudiantine affirme, elle aussi, son dévouement au hirak et appelle l'ensemble des étudiants et des citoyens à se joindre ce mardi 5 novembre à la marche hebdomadaire à partir de 11h". En plus de la forte mobilisation qui promet d'être au rendez-vous, la manifestation de ce mardi se caractérisera par la mise à jour des slogans et de nouvelles revendications. Outre l'hommage qu'ils devront rendre aux martyrs de la Révolution de 1954, la marche des étudiants coïncide avec l'ouverture d'un débat expéditif sur le projet de loi sur les hydrocarbures à l'Assemblée nationale (APN). Rejeté dans le fond et dans la forme par la rue qui estime que ce projet n'était pas une urgence et constituait un bradage des richesses nationales, ce projet de loi a suscité moult débats dans les campus qui refusent, eux aussi, le fait accompli. Aussi, les cinq candidats retenus par l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) en prendront pour leur grade, notamment après ce qu'il s'est passé, samedi soir à Baba Hassen (Alger), où le candidat Ali Benflis a été hué et chassé par la population. Les étudiants, qui, depuis le 22 février dernier, n'ont eu de cesse de réclamer une justice libre et indépendante, diront leur mot sur le sort réservé aux détenus d'opinion et politiques qui subissent un renouvellement systématique des mandats de dépôt, et ce, au moment où ceux qui sont censés traiter leurs dossiers, c'est-à-dire les magistrats, observent une grève illimitée, non sans renvoyer en prison des manifestants arrêtés. Conscients de ce paradoxe relevé par les familles des détenus, les avocats et les justiciables victimes du système autoritaire, les étudiants promettent d'aller, eux aussi, jusqu'au bout de leurs revendications légitimes et exprimeront leur position par rapport à la grève des magistrats. "Marchons pour nos frères et sœurs emprisonnés, marchons pour la liberté de notre peuple à disposer de lui-même et de son avenir", ont écrit les étudiants dans leurs appels. Promettant de continuer sur la lancée de la marche de vendredi dernier, les étudiants sont convaincus qu'ils empruntent un chemin juste. "Nous acceptons qu'il soit (le chemin, ndlr) long. Nous acceptons qu'il soit dur, car nous défendons notre idéal ! Ce mardi, battons le pavé contre le système et ses pseudoélections, ses pseudocandidats et sa pseudojustice", ont encore affirmé les étudiants.