La baisse de la croissance de la demande en pétrole, le ralentissement de l'économie mondiale et les politiques de limitation des émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés font se profiler d'inquiétantes perspectives pour le marché pétrolier. Ces principaux facteurs ont été soulignés en gras dans le dernier rapport de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) rendu public hier. L'organisation y a détaillé que la demande mondiale de brut ne progressera que de "près de 12 millions de barils par jour à long terme, passant de 98,7 millions de barils par jour en 2018 à 110,6 millions de barils par jour en 2040". La demande peine ainsi à retrouver tonicité et élasticité, en raison de la "faible activité" économique par rapport aux attentes de 2018. L'évolution de la demande pétrolière est très différente selon les régions. Dans les pays développés de l'OCDE, elle devrait ainsi atteindre "un plafond" lors des prochaines années avant d'entamer "un déclin". D'autres éléments jouent également contre le vœu exprimé par l'Opep de voir le marché se redresser : l'utilisation de l'énergie "gagne en efficacité", "le changement de carburant dans plusieurs pays" et une politique "plus marquée en matière d'émissions de gaz à effet de serre" s'inscrivant dans l'effort global visant à limiter le réchauffement climatique. L'Opep note dans son rapport qu'un "nombre significatif" de véhicules roulant au "carburant alternatif" au pétrole, comme l'électricité ou l'hydrogène, seront fabriqués dans les pays développés. Du côté de l'offre d'hydrocarbures liquides (pétrole, gaz naturel liquéfié...), l'organisation prévoit qu'elle "augmentera de 11,8 millions de barils par jour d'ici à 2040, à 110,8 millions de barils par jour, avec une hausse de ses propres capacités, mais aussi une progression de la production des pétroles de schiste américains à moyen terme". Les 14 pays de l'Opep et leurs 10 alliés du groupe dit Opep+, dont la Russie, sont engagés, depuis 2016, dans une limitation volontaire de leur production, afin de soutenir les cours. Grâce à ces efforts, la "stabilité du marché a été généralement maintenue" ces dernières années, ainsi que le souligne le secrétaire général de l'organisation pétrolière, Mohammed Barkindo, dans l'introduction du rapport en question. Cela, ajoute-t-il, est d'autant plus frappant et bienvenu face aux "risques" et aux "incertitudes considérables" pour l'économie mondiale. Par ailleurs, Mohammed Barkindo, dans une déclaration faite hier, et reprise par Reuters, a estimé que le marché pétrolier devrait "s'améliorer en 2020". Les prix du pétrole entamaient hier leur troisième séance d'affilée de progression, dans un marché optimiste à l'égard des négociations commerciales sino-américaines.