Le mouvement de contestation estudiantin n'en démord pas. Les étudiants ont gagné hier un autre pari en battant le pavé des rues du centre d'Alger à l'occasion du 37e acte de hirak. Ils étaient aussi nombreux à crier haut et fort "Yetnahaou gaâ". Le décor planté hier mardi laisse croire que les cortèges qui ont emprunté le parcours habituel, de la place des Martyrs jusqu'à la place Maurice-Audin, ressemblaient à ceux qui se formaient vendredi. Les premiers carrés étaient composés pour l'essentiel des "tuteurs" des universitaires et des personnes âgées, comme pour protéger les étudiants de la "matraque des forces antiémeutes" mobilisées pour la circonstance. En somme, la foule nombreuse était venue réitérer son soutien aux universitaires. Même des lycéens étaient de la partie. Drapés dans l'emblème national, ces élèves paradent avec ce nouveau slogan : "El hirak est désormais un devoir national." Les marcheurs ont marqué plusieurs haltes pour démontrer qu'ils sont toujours aussi déterminés et mobilisés autour des revendications que les Algériens crient depuis plus de huit mois. D'autres groupes reprennent les phrases rejetant les élections du 12 décembre. "Cette année, il n'y aura pas de vote" ou encore "Celui qui votera sera considéré comme un traître". Comme à chaque marche "silmiya", le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah en a pris pour son grade. Les banderoles déployées ont ainsi complété le décor planté : "Le seul mandat valable pour les cinq candidats est le mandat d'arrêt." L'autre message fort à retenir est que les étudiants sont toujours impliqués dans le hirak et déterminés à poursuivre le combat pacifique sur l'autre front. Ils ont tenté alors de rallier l'hémicycle, qui était strictement quadrillé par des forces antiémeutes, pour appeler les "députés" à bloquer le projet de loi sur les hydrocarbures présenté hier en plénière. Des camions à canon à eau, des chasse-neige et des patrouilles des forces de l'ordre étaient visibles depuis les rues Abane-Ramdane, Asselah-Hocine, Mustapha-Ben Boulaïd et le square Sofia. Le siège de l'Assemblée nationale était sous haute surveillance. Après plusieurs tentatives, des manifestants ont réussi à braver l'impressionnant dispositif sécuritaire, en courant sur la rue Mustapha-Ben Boulaïd. Après des bousculades et des échauffourées, des étudiants ont forcé le passage et réussi à atteindre la rue Asselah-Hocine, non loin du siège de la wilaya d'Alger. Ils ont repris en chœur : "La loi sur les hydrocarbures ne sera jamais signée et ces députés ne représentent pas le peuple." Les jeunes universitaires ont affiché, ce mardi, une autre détermination sans faille à poursuivre le hirak jusqu'au départ de tous les anciens membres du système et des résidus du régime de Bouteflika.