C'est une fille visiblement éplorée qui a décidé de lancer un appel à l'aide pour "ramener" son père à la maison. Elle, c'est Nabila Bouregâa, la fille de celui qui passe désormais pour l'icône de la révolution en cours, hospitalisé depuis mardi dans la soirée à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger. Dans un cours message publié sur son compte facebook, Nabila Bouregâa, qui a tenté, en vain, de rendre visite à son père à l'hôpital, a lancé un appel pour sortir son père de la situation dans laquelle il se trouve : une incarcération de plus de quatre mois et souffrant depuis quelques jours. "Soutien de la première heure du combat de mon père et du hirak, je vous avouerais néanmoins que je préfère mon père en symbole vivant que martyr. Aidez-nous à le libérer, aidez-nous à le sortir de cette situation", a lancé la jeune femme. Elle raconte avoir tenté de rendre visite à son père, mais qu'elle n'y a pas été autorisée. "Arrivée à l'hôpital afin d'avoir des nouvelles de mon père, je n'ai pas été autorisée à lui rendre visite, et ce n'est que par pur hasard si je l'ai aperçu au détour d'un couloir sur un fauteuil roulant", raconte-t-elle. "Il m'a souri, mais son sourire est teinté de fatigue. Je n'ai jamais vu mon père dans cet état. Mon père va sur ses 87 ans, et au lieu d'être entouré des gens qui l'aiment, sa compagnie se résume à des policiers qui le surveillent et qui bloquent chaque entrée. Ont-ils attrapé un dangereux criminel qui risque de s'enfuir à tout moment ?" s'interroge-t-elle. "Non, bien évidemment que non. Son seul crime a été de défendre son pays. Crime qu'il commet depuis 65 ans et qui, si la situation ne change pas, lui coûtera la vie", redoute-t-elle. Admis en début de soirée de mardi à l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger, sans que sa famille soit informée, Lakhdar Bouregâa a été opéré d'une occlusion intestinale, selon le comité national pour la libération des détenus. Opéré avec succès, l'ancien moudjahid demeure toujours à l'hôpital, ses médecins ayant refusé qu'il soit transféré de nouveau à la prison avant la guérison totale. Un geste fortement salué par les internautes. Comme lors des marches précédentes, son nom a été longuement scandé, hier, alors que des portraits à son effigie sont brandis par les manifestants réclamant sa libération. K. K.