La détermination du peuple à en finir avec le système en place reste intacte, et ainsi, ni les menaces ni la répression ne semblent le détourner de ses revendications. Hier, au 38e vendredi de la révolution pacifique à Bouira, ils étaient des milliers à braver une pluie battante pour réitérer les revendications du mouvement citoyen. Le slogan phare de la marche d'hier était "Dawla madania, machi âaskariya (Pour un Etat civil et non militaire)". En effet, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum, rebaptisée à l'occasion "place de la Révolution", a été prise d'assaut peu après la prière du vendredi par des milliers de citoyens venus des quatre coins de la wilaya. 14h, le boulevard Zighoud-Youcef, qui traverse d'est en ouest le chef-lieu de la wilaya, était noir de monde. "Nous sommes là pour réaffirmer notre seule et unique revendication : le départ de tout le système", a affirmé Djaâfer, un militant de la cause amazighe. Et d'ajouter : "Nous voulons bâtir une nouvelle Algérie avec les fondements de la Charte de la Soummam et dont le premier article stipule la primauté du civil sur le militaire (...) Nous sommes déterminés à en finir une fois pour toutes avec les errances du passé." D'autres slogans réclament la libération des personnes incarcérées ces dernières semaines, comme Lakhdar Bouregâa, un vétéran de la guerre d'Indépendance accusé d'"atteinte au moral de l'armée". Sur des pancartes brandies par les manifestants, on pouvait lire : "Halte à une imposture entretenue depuis 57 ans." Pour ce qui est de l'organisation de l'élection présidentielle dans les circonstances actuelles, la sentence du peuple est sans appel. "Il n'y aura pas d'élection avec les résidus de la bande", tranchera Ali, chef de service dans une entreprise publique de Bouira. À 15h, dans une ambiance bon enfant, le cortège marque une première halte devant le siège de la wilaya. Là, d'autres citoyens se sont joints au mouvement, grossissant ainsi les rangs des marcheurs. L'un des initiateurs de cette action n'a eu de cesse d'encadrer ses camarades et de réorganiser les carrés qui avaient tendance à se disperser. "Au lieu d'écouter les revendications des millions d'Algériens, le système veut absolument se maintenir quitte à provoquer le chaos", a-t-il dénoncé. Tout au long de leur procession, les protestataires ont copieusement critiqué le système, mais aussi l'institution judiciaire, notamment les magistrats qui ont été accusés de "trahison" envers le peuple. Enfin, une ultime halte a été effectuée au niveau de l'espace de la maison de la culture Ali-Zamoum, où l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des soldats tombés au champ d'honneur, lors de l'attaque terroriste perpétrée mercredi à Tipasa.