Les Libanais ont marqué hier leur 26e journée consécutive de mobilisation contre la classe dirigeante, à la veille d'une réunion parlementaire exceptionnelle. Le pays vit depuis le 17 octobre au rythme d'un mouvement de contestation inédit réclamant le départ de l'ensemble de la classe politique, jugée "corrompue" et "incapable" de mettre fin au marasme économique. Sur le terrain, des centaines de manifestants, dont de nombreux écoliers et étudiants, se sont rassemblés dans la matinée d'hier dans plusieurs villes du pays, brandissant des drapeaux libanais et appelant au départ de tous les dirigeants. Cette nouvelle journée de mobilisation intervient au lendemain du "dimanche de la détermination" ayant rallié des milliers de manifestants à travers le pays. Dimanche soir, des protestataires ont campé devant le bâtiment de l'Electricité du Liban (EDL), l'un des principaux symboles de la déliquescence des services publics dans un pays où le courant 24h/24 n'est toujours pas assuré. Sous-productive et chroniquement déficitaire, l'EDL a coûté 1,8 milliard de dollars au Trésor en 2018, selon les chiffres officiels. Certains ont dormi devant le bâtiment, sous des tentes érigées en travers de la chaussée. D'autres manifestants, munis de casseroles, se sont rassemblés sur le lieu de résidence du gouverneur de la banque centrale. Le mouvement de contestation a entraîné la démission, le 29 octobre dernier, du Premier ministre Saad Hariri mais les tractations traînent depuis pour la formation d'un nouveau gouvernement. Car le parti chiite Hezbollah a balayé l'idée d'un cabinet exclusivement formé de technocrates, réclamé par la rue. Aujourd'hui, l'Assemblée nationale devait tenir une session législative exceptionnelle pour voter une série de lois, dont celle sur une amnistie générale, mais la séance a été reportée d'une semaine, a annoncé Nabih Berri, pour des raisons sécuritaires, a-t-il dit. Selon les manifestants, qui exigent que la réunion soit retransmise en direct, cette loi permettrait de protéger les dirigeants. Depuis dimanche, les appels fusent sur les réseaux sociaux pour bloquer l'accès des députés au Parlement. Et de nombreuses personnalités politiques dénoncent ouvertement l'adoption d'une telle loi et appellent à son gel.