La campagne oléicole vient tout juste de démarrer, et les prévisions de la direction des services agricoles sont relativement appréciables. Selon Mlle Louiza Amiarat, chef du Sopat (Service de l'organisation, de la production et de l'appui technique) auprès de la DSA, qui s'exprimait sur les ondes de la radio locale, pour cette campagne 2019-2020, il est attendu 7,7 millions de litres d'huile d'olive. Comparativement à la saison dernière où la production à Bouira avait atteint 9 millions de litres, on pourrait croire à une baisse significative de la production. Cependant, d'après Mlle Amiarat, ce n'est pas tout à fait le cas. "Cette baisse s'explique par le cycle naturel d'alternance : l'olivier généralement ne produit naturellement qu'une année sur deux. C'est ce qu'on appelle l'alternance. La production s'installe progressivement, lentement, mais durablement", a-t-elle expliqué. Autre facteur qui peut expliquer ces prévisions à la baisse réside dans le fait que 100 ha d'oliveraies ont été décimés par les flammes lors des importants incendies qu'a connus la région au mois de juillet dernier. S'agissant de la surface exploitée en oliviers, elle s'élève à 27 500 ha sur un total de 35 809 ha. Pour ce qui est du rendement espéré, les services de la DSA tablent sur 16 à 19 litres par quintal, ce qui est considéré comme étant un rendement satisfaisant. Pour ce qui est de la qualité, la chef du Sopat a refusé de se prononcer, estimant que c'est "prématuré", car la campagne vient juste de commencerr. Des coopératives pour organiser la filière Pour sa part, Toudert Arezki, président de l'association des oléiculteurs de Bouira, indiquera que ses camarades et lui sont pénalisés par l'anarchie qui caractérise le secteur de l'oléiculture "Nous faisons face à un réel problème de l'écoulement de notre marchandise et sa qualité. Nous souhaitons donner un label de qualité à notre huile, mais dans les conditions actuelles c'est quasiment impossible", a-t-il déploré. S'exprimant sur l'éventualité de se constituer en coopérative agricole, comme cela se faisait auparavant, M. Toudert a révélé que c'est une idée en gestation dans l'association qu'il préside : "Nous comptons nous regrouper en coopérative, en attendant que les pouvoirs publics se décident à réorganiser la filière." À la question de savoir quels sont les détails de cette "coopérative", le président de l'association des oléiculteurs de Bouira dira : "Notre produit, avant d'arriver aux huileries, passe par une multitude d'intermédiaires qui n'ont absolument rien à voir avec la profession, ce qui a pour conséquence de dénaturer le produit et le rendre parfois impropre à la consommation." Pour ce professionnel de l'olive, les pouvoirs publics doivent mettre en place un mécanisme de vente qui exclut les "parasites" selon lui. Pour ce faire, il a plaidé pour la mise en place d'une Maison de l'olive, comme c'est le cas pour le miel. "Nous allons prochainement soumettre ce projet aux autorités concernées et nous espérons qu'il sera favorablement accueilli", précisera M. Toudert. S'agissant du phénomène du vol de l'huile d'olive, les deux intervenants affirment qu'il a enregistré une certaine recrudescence. "La vente des olives crues devrait être interdite, car cela encourage le vol des récoltes. Chaque année, des dizaines de quintaux d'olives crues sont volées ici et là dans la région sans que cela s'arrête", s'est-il plaint. À titre indicatif, la wilaya de Bouira dispose de 211 huileries, dont 81 sont des superpresses, 42 traditionnelles et 88 en chaînes continues (modernes). En outre, il y a lieu de rappeler que 82% des oliviers que compte la wilaya, soit un peu plus de 4 millions, se trouvent dans les plaines, notamment celles de Raffour, Chorfa, El-Esnam et M'chedellah. Les 18% qui restent sont répartis à l'est et à l'ouest de Bouira.