Résumé : Samia est affligée. Des examens approfondis chez le gynécologue confirmèrent une stérilité secondaire, consécutive à sa précédente opération. À sa sortie du cabinet médical, la jeune femme se rend dans un magasin pour bébés. Prise au dépourvu, Samia allait riposter, mais se reprend. Oui... En fait, elle venait de perdre pas un bébé, mais des enfants. Elle se surprend à sourire d'un air distrait. "Pauvre de moi, je ne sais plus ce que je fais, ni ce que je dois faire", se dit-elle. La vendeuse attendait toujours sa réponse. Samia lui sourit d'un air triste : -Oui… J'ai perdu un bébé… -À quel mois vous avez fait cette fausse couche ? -Heu… Oh ! J'étais encore aux premiers mois de ma grossesse. -Alors ce n'est pas la fin du monde, madame. Vous êtes encore jeune. Vous pourrez avoir facilement un autre bébé, peut-être même plusieurs autres. Samia hoche la tête. Sa gorge s'était nouée. Elle arrivait difficilement à reprendre son souffle. Elle se lève et se met à sillonner les rayons destinés aux enfants entre deux et quatre ans. -Je peux vous aider, madame ? Samia revint vers la vendeuse et lui demande de lui montrer les robes pour fillettes exposées juste derrière le comptoir. -Très bon choix, madame… Vous avez déjà une petite fille ? Samia hoche la tête : -Oui. Une adorable petite fille de trois ans. -Et vous êtes malheureuse ! -Non… Je suis plutôt bien contente de l'avoir, qui sait si j'aurais d'autres enfants plus tard. La vendeuse la regarde un moment, puis lance : -Estimez-vous heureuse, madame d'avoir votre famille. Vous êtes mariée et mère d'une petite fille. Moi, je dépasse les trente ans, et jusqu'à ce jour aucun homme ne s'est présenté pour demander ma main. À ce rythme, je risque de terminer vieille fille et de vivre éternellement chez mon frère et sa femme. Je vous assure que ce n'est pas le paradis. Heureux encore que je travaille dans cette boutique. Samia se sent soudain moins seule et moins malheureuse. Il y a des gens beaucoup moins lotis qu'elle sur cette terre. Elle au moins, avait connu le bonheur d'avoir un mari tel que Djamel et une fille comme Maya. Compatissante, elle lance d'une voix plus calme à la vendeuse : -Je vous comprends, mademoiselle. Mais je suis certaine que vous finirez vous aussi par vous marier et avoir des enfants. -Je n'en fais pas une maladie, madame. Mon célibat ne me dérange pas. Seulement, je n'ai plus mes parents, et vivre chez autrui n'est pas toujours gai. Si j'avais mon propre foyer, j'aurais adopté un enfant. Samia acquiesce : -Ce serait une bonne chose… Mais pour moi, l'adoption n'est pas une solution. Mon mari et ma belle-famille ne vont jamais accepter un enfant venu d'ailleurs et étranger à leur sang. Heureusement que j'ai Maya… Montrez-moi donc cette robe blanche au col marin… -Très bon choix, madame. Ces robes sont magnifiques. -Oui. Elles sont originales. Donnez-moi aussi cette poupée russe en haut de l'étagère. Maya aime les poupées, et en possède toute une collection. Samia sortit du magasin les bras chargés. Elle avait l'air moins triste, mais son cœur saignait encore. Certes, Maya était un don du ciel, elle n'en disconvient pas. Mais que n'aurait-elle pas fait pour donner un fils à Djamel ! On était au milieu de l'après-midi. Le temps était printanier, mais elle décide de rentrer sans plus attendre à la maison. À ses oreilles résonnait encore la sentence du médecin : "Votre utérus a subi de grands dommages. Vous en avez gardé des séquelles qui ont provoqué à la longue une stérilité secondaire… Dans votre cas, c'est plutôt sans espoir."
(À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.