Pour la troisième saison estivale consécutive, les habitants de la ville du Vieux Rocher préfèrent, dans leur majorité, rester à Constantine que de se lancer dans des “aventures” hors de chez eux. Le comportement des familles constantinoises durant l'été est en train de changer. Le mode de consommation des vacances est en pleine mutation. Pour la troisième saison estivale consécutive, les habitants de la ville du Vieux Rocher préfèrent, dans leur majorité, “constantiniser” que de se lancer dans des “aventures” hors de chez eux. Parmi les facteurs essentiels ayant favorisé ce nouveau modèle de consommation, quatre reviennent souvent lors des discussions avec les personnes que nous avons approchées. Premièrement, il y a le transport. Comme lors des “grandes révolutions touristiques”, il est le moteur des nouvelles transformations. Ce qu'on peut appeler les foyers à revenu moyen, qui représentent la clientèle par excellence des destinations locales, ont bénéficié du boom du commerce du véhicule neuf à crédit. Du coup, poussée par d'autres facteurs, la famille constantinoise préfère l'excursion au séjour. Secondement, il y a la pression exercée par les besoins en loisirs ainsi que par les marchés des médias et du froid. Jusqu'à la première moitié des années 1990, on partait à la plage avec des séjours moyens de 21 jours pour satisfaire les besoins des enfants. Or, et depuis, avec les révolutions des mœurs et des nouvelles technologies de l'information et des communications, si les vacances sont toujours liées dans notre mémoire collective à l'été, la distraction par excellence n'est plus la mer. Les jeunes et moins jeunes des foyers à revenu moyen veulent sortir même autour d'une glace et se distraire à travers les activés attractives. L'ordinateur et l'Internet permettent, le cas échéant, des moments d'évasion qu'on n'avait pas auparavant. Ce facteur, conjugué à la “démocratisation” de la climatisation domestique, tempère l'ardeur de partir en mer quel que soit le prix et les frustrations qui peuvent en découler. Troisièmement, il y a la concurrence et l'effet Tunisie. En effet, les agences de voyages de Constantine et de l'est du pays ont réussi à vulgariser la destination tunisienne et, partant, faire découvrir aux Algériens un produit de qualité pour un prix acceptable. Du coup, les membres d'un foyer moyen ayant séjourné au moins une fois en Tunisie accepteront difficilement de revenir à leurs anciennes destinations. C'est la magie de la fidélisation. Et enfin, quatrièmement, il y a la situation sécuritaire qui s'est nettement dégradée ces dernières années aussi bien dans les villes émettrices comme Constantine que dans les villes réceptrices. Partir en vacances pour un séjour de plus d'une semaine équivaut à une absence qui risque de voir les partants se faire cambrioler leurs logements. Une dégradation qui ne laisse pas insensible les chefs de famille véhiculés, disposant de la clim. De la parabole et de l'Adsl chez eux. Donc, l'alternative est la devise selon laquelle “le minimum de plaisir durant l'espace temps le plus court”. Pour les foyers du plus bas échelle, quelques excusions par semaine suffisent. Pour les mieux lotis, une semaine par an ou tous les deux ans en Tunisie et le tour est joué. Enfin, une partie des foyers conjugue ces deux formules. Devant ces mutations, les commerces à Constantine se sont vite adaptés. Les quartiers pullulent de vendeurs de glaces et de crémeries où des espaces familles sont aménagés. La concurrence est si rude que le client en gagne en qualité et en hygiène. Ainsi, à chaque temps ses mœurs. Et les spécialistes pensent que Constantine peut devenir une destination estivale par excellence si un minimum d'investissement est réalisé. Ils pensent aux parcs d'attractions et de loisirs. Mourad Kezzar