Des dizaines d'habitants du bidonville, dit de "Laàrayass", ont de nouveau dimanche bloqué l'entrée du siège de l'APC de Filfila, 22 km à l'est de Skikda, pour réclamer la remise des clés de leurs logements. Ils ont formé un cordon humain paralysant ainsi les différents services de cette commune. Ce sont des bénéficiaires de logements attribués dans le programme de l'éradication de l'habitat précaire. La liste des bénéficiaires a été affichée du temps de l'ancien wali, M. Hadjeri Derfouf, mais la remise des clés tarde à venir vu que les VRD de ces immeubles se trouvant au nouveau pôle urbain de Bouzaâroura ne sont pas complètement achevés. Les bénéficiaires, qui vivent dans des conditions lamentables au niveau de cette cité dont les habitations sont construites à la va-vite en parpaings ne veulent pas revivre un autre hiver dans ces conditions difficiles. Des contestataires nous expliqueront que dès l'affichage des listes des 536 bénéficiaires, ils ont entrepris les démarches nécessaires pour quitter leurs taudis et ne s'attendaient pas à ce que l'opération de la remise des clés prenne tout ce retard. Tous sont unanimes à dire que leurs logements sont habitables, mais ne comprennent pas pourquoi on les prive de ces toits décents pour mettre fin à leur calvaire. Ils ne veulent pas revivre un autre hiver dans ces conditions misérables. "Nous avons frappé à toutes les portes (daïra, APW, wilaya) mais, malheureusement, aucun n'a daigné nous donner une explication pour ce retard", nous dira l'un des protestataires. Et de rajouter : "Nous ne voulons qu'une explication convaincante, mais personne ne veut nous parler." Ce sont des parents avec des ribambelles d'enfants qui vivent dans des gourbis où les conditions d'hygiène sont complètement absentes : promiscuité, absence d'un réseau d'assainissement, des piles d'ordures jonchant les sols et différentes bestioles, surtout les rats qui cohabitent avec ces familles. Durant l'été, les familles vivent sous un soleil de plomb envenimé par des toits aléatoires alors que durant l'hiver la cité se transforme en des endroits marécageux souffrant aussi la nuit pour cause d'infiltration des eaux de pluie et surtout le froid glacial. Les habitants de cette cité vivent aussi sous une toile d'araignée formée de câbles électriques de la rétrocession qui menace la vie de tous, surtout les enfants. A. Boukarine