Une première colonie de la bande de Gaza a été totalement évacuée hier. D. B. Les forces de l'ordre israéliennes ont investi la “capitale” des colons, Gaza, quelques heures avant l'ultime délai qui leur a été imparti pour quitter de plein gré ce territoire. Les colonies ont commencé à être évacuées dès hier soir. Le ministre de la Défense israélien a reçu ordre d'appliquer le retrait dans le minimum de temps possible. Plus ce sera court mieux cela vaudra, devait-il dire, avertissant les récalcitrants à l'évacuation qu'ils seront arrêtés, sans état d'âme. Tôt dans la matinée de mardi, d'importantes forces de police ont forcé l'entrée de Neve Dekalim, la principale des 21 colonies de Gaza. La grille qui entoure la colonie a été abattue par un bulldozer et, contrairement à ce que leur avaient prédit les opposants à l'évacuation, la police ne devait rencontrer aucune résistance. Cette dernière devait se manifester au cœur de la colonie où des affrontements ont eu lieu entre des colons et les policiers chargés de convoyer les camions prévus pour les déménagements de colons prêts à partir volontairement, de leur plein gré. La situation est plus tendue dans le Goush Katif, la colonie mythique de l'occupation israélienne, mais, selon la radio de l'armée israélienne, l'armée et la police ont pour mission de faire partir tous les colons de Gaza. Quelque 500 militants anti-retrait ont, par ailleurs, été interpellés dans le secteur du terminal routier de Kissoufim, entre Israël et Gaza, alors qu'ils tentaient de s'infiltrer dans les colonies de cette région pour grossir les rangs des opposants au retrait. Des responsables de Yesha (le conseil des colons de Cisjordanie et Gaza) ont été également interpellés pour menaces contre le retrait. Certains religieux juifs de l'extrême droite vont jusqu'à souhaiter la mort de Sharon, ce qui, en soi, est une exhortation à son assassinat. Il reste que plus de la moitié des colons de Gaza ont commencé à empiler leurs bagages dans les containers. Sur les 21 implantations appelées à être évacuées en vertu du plan de désengagement, 3 étaient vides et 5 quasi vides mardi, 7 étaient prêtes à déménager, et seulement 6 étaient déterminées à résister, devait indiquer la radio militaire, réaffirmant que tout le monde sera évacué. Il y aura un délai de 4 semaines, un mois après l'évacuation, pendant lequel les Palestiniens ne seront pas autorisés à entrer dans les colonies, devait annoncer le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz. Les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne se sont postées autour des colonies juives pour empêcher toute infiltration et accompagner dans l'ordre le retrait israélien. Tandis que le président de l'Autorité, Mahmoud Abbas, veille en personne à l'évacuation israélienne, son Premier ministre, Ahmad Qoreï, a donné le coup d'envoi d'une campagne de propreté à Gaza, destinée surtout à éliminer les slogans et les bannières politiques liés à l'occupation de ce territoire pendant 38 ans. Vêtus de tee-shirts blancs frappés de l'inscription “Gaza propre et libre” et du drapeau palestinien, Qoreï et une dizaine de ministres, notamment celui des Affaires civiles et homme fort de Gaza Mohamad Dahlane, ont symboliquement lancé cette campagne au lendemain de l'ordre d'évacuation des colons de Gaza où sont effacés slogans et graffitis et arrachés les bannières des différentes factions, notamment le Fatah, le Hamas et le Jihad islamique, qui tapissent les murs de l'enclave. Nous balayons l'occupation et éliminons tous ses vestiges, devait proclamer Qoreï, émettant le vœu que le retrait israélien de Gaza sera suivi par d'autres en Cisjordanie et à Al Qods Est.