Le dernier soldat israélien a quitté hier matin la bande de Gaza, mettant ainsi un point final à 38 ans d'occupation, alors que les Palestiniens ont pris possession des colonies “libérées”. Le général Aviv Kochavi, qui commande les forces israéliennes dans la bande de Gaza, a franchi le barrage de Kissoufim à 6h50 locales (3h50 GMT), qui constitue de facto la limite frontière entre la bande de Gaza et le territoire israélien, alors que “des bulldozers militaires fermaient le passage en dressant des monticules de terre. Dès maintenant, la responsabilité de ce qui se passe dans la bande de Gaza repose sur l'Autorité palestinienne”, a déclaré le général Kochavi. Des centaines de Palestiniens, notamment des jeunes, ont commencé à affluer vers la nouvelle frontière. “Nous devons dire que c'est un jour de joie comme le peuple palestinien n'en a pas connu depuis un siècle”, a déclaré M. Abbas à des journalistes à Gaza. “Beaucoup de travail reste à faire mais cela n'enlève rien à cette victoire”, a-t-il ajouté. “Il était temps pour ce peuple de goûter à la joie et d'en finir avec la tristesse, les souffrances et l'oppression qu'il a endurées génération après génération”, a-t-il poursuivi. Le numéro deux du gouvernement israélien Shimon Pérès, a pour sa part estimé que “l'occupation de la bande de Gaza a été une erreur historique”. “Nous devons veiller à ce que la bande de Gaza ne devienne pas une prison ou un lieu de misère”, a déclaré M. Pérès dont les propos sont rapportés par la radio publique. Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces palestiniennes et des milliers de badauds en liesse ont pénétré dans les colonies juives de la bande de Gaza. Des centaines de jeunes Palestiniens se sont rués sur les synagogues de Morag et de Netzarim avant de mettre le feu aux deux édifices religieux, a indiqué un officier israélien. Le gouvernement israélien, réuni dimanche, a décrété que les synagogues des colonies évacuées ne seraient pas démolies. L'Autorité palestinienne s'était élevée contre cette décision et annoncé que les synagogues seront démolies dès lundi. Les forces de l'ordre palestiniennes sont entrées dans les 21 colonies démantelées de la bande de Gaza, notamment les quinze du bloc du Goush Katif, dans le sud du territoire. Le drapeau palestinien vert, blanc, noir et rouge a été hissé sur l'ancien QG de l'armée israélienne à Nevé Dekalim, la plus grande des 21 colonies de la bande de Gaza, l'ex-“capitale” des colons israéliens. Dans la colonie de Ganeï Tal, des membres des services de sécurité ont exécuté des danses folkloriques en entonnant des chants patriotiques pour fêter le départ des troupes israéliennes alors que d'autres ont embrassé le sol. “Je ne trouve pas les mots pour décrire mes sentiments. J'espère que la Cisjordanie suivra”, dit l'un d'eux, le capitaine Abou Mohammad. “C'est un rêve qui se réalise”, renchérit son collègue Nabil Chaâth. Le front ceint d'un bandeau vert, des activistes de l'aile militaire du groupe radical Hamas ont également réussi à se frayer un chemin. Dans les rues de Gaza-ville des tirs de joie crépitaient épisodiquement en signe de joie alors que la télévision officielle palestinienne diffusait des chants patriotiques. L'entrée des forces palestiniennes a commencé dès que les soldats israéliens ont entamé leur retrait. Au total, quelque 7 000 hommes des forces de l'ordre palestiniennes devaient se déployer dans les colonies, démantelées par l'armée israélienne ces derniers jours après l'évacuation à la mi-août des quelque 8 000 colons qui y vivaient. R. I./Agences