Au milieu des protestations internes et des pressions de l'ONU et de l'OEA, le gouvernement nicaraguayen a expulsé mardi soir ses partisans de la cathédrale de Managua où ils étaient entrés de force la veille pour tenter d'interrompre la grève de la faim d'opposants demandant la libération de "prisonniers politiques". Au Nicaragua, où les manifestations de rue sont interdites, la population manifeste parfois dans les églises. Lundi, neuf opposants, dont sept femmes, avaient entamé une grève de la faim dans la cathédrale de Managua pour réclamer la libération de plus de 130 opposants, emprisonnés lors de la répression des manifestations qui ont également fait 328 morts et 88 000 exilés, selon le dernier rapport de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH). Des partisans du président Daniel Ortega avaient rapidement encerclé la cathédrale et plusieurs d'entre eux étaient entrés dans l'édifice pour tenter d'en déloger les grévistes de la faim, frappant au passage deux religieux, selon l'opposition. Mais mardi après-midi, les partisans du parti au pouvoir ont finalement quitté la cathédrale, a confirmé Tomas Valdés, un membre bien connu de la communauté chrétienne de l'apôtre saint Paul, liée au gouvernement. L'expulsion est intervenue quelques heures après que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme eut exhorté le gouvernement Ortega à "mettre fin à la répression persistante des dissidents et aux détentions arbitraires". De son côté, l'Organisation des Etats américains (OEA) concluait dans un rapport que le gouvernement avait rendu l'accès à la démocratie "irréalisable". Le pays, dirigé depuis 2006 par l'ex-guérillero sandiniste Daniel Ortega, traverse une grave crise politique depuis avril 2018. Une première contestation contre une réforme de la sécurité sociale a évolué vers des manifestations réclamant le départ du président, accusé d'avoir instauré une dictature népotiste et corrompue, et des élections anticipées. R. I./Agences