Aucune enquête indépendante et impartiale sur l'usage des grenades n'a été ouverte à ce jour. Depuis le 1er octobre, plus de 330 personnes ont été tuées, la plupart des manifestants tombés sous des balles réelles. À cela s'ajoutent des milliers d'arrestations arbitraires, plus de 2500 selon des médias locaux, des dizaines d'enlèvements, et un nombre de blessés avoisinant aujourd'hui les 15 000. L'ONG irakienne Iraqi Alliance of disabilities organisations (IADO) parle pour sa part de plus de 3000 personnes mutilées à vie à cause des violentes descentes policières, parfois menées durant la nuit, contre les manifestants, alors que l'Irak compte déjà un taux de handicapés parmi les plus élevés au monde, selon l'ONU. La répression menée par les autorités est montée d'un cran depuis vendredi, faisant craindre le pire. Quand la police anti-émeute n'utilise pas directement des armes lourdes, tirant à balles réelles sur les manifestants, elle fait usage de grenades lacrymogènes mortelles tirées souvent à bout portant. Certains médias et des ONG de défense des droits de l'homme (Amnesty International et Human Rights Watch) évoquent par ailleurs le recours du gouvernement à des milices et des groupes armés utilisés contre les protestataires. Plusieurs témoins, cités par des médias, ont fait part également de l'utilisation par le gouvernement de snipers en embuscade, mitraillant la foule. Dans la rue, les manifestants, y compris ceux de confession chiite, accusent l'Iran d'ingérence. Selon plusieurs sources, des miliciens pro-Téhéran et des membres des Gardiens de la révolution (milice iranienne) sont derrière cette tuerie, l'arrestation et la disparition de bon nombre de militants actifs à Bagdad et dans d'autres villes. Selon une enquête d'Amnesty international, dont les résultats ont été rendus publics lundi dernier, les forces de sécurité irakiennes ont utilisé des grenades de type militaire contre les manifestants, les visant à bout portant. "Ces grenades qui seraient produites en Serbie et en Iran sont jusqu'à 10 fois plus lourdes que les grenades lacrymogènes classiques. Les conséquences sont dévastatrices : plusieurs manifestants ont eu le crâne transpercé, causant de terribles blessures ou la mort, une fois la grenade encastrée dans leur crâne". Aucune enquête indépendante et impartiale sur l'usage de ces grenades n'a été ouverte à ce jour. Malgré la répression sanglante menée par les services de sécurité, des milliers d'Irakiens continuent d'investir massivement les rues de tout le pays, réclamant le départ de la classe politique dirigeante. Hier, les manifestants irakiens sont sortis de nouveau dans les rues, en signe de rejet des nouvelles promesses de réformes des politiques, proposées par le gouvernement. Parallèlement à ces actions, plusieurs syndicats et des associations professionnelles continuent d'observer un mouvement de grève qui commence à faire tache d'huile dans pratiquement tout le pays.