Amnesty a dénoncé jeudi l'"utilisation excessive de la force" par la police à l'encontre de manifestants pacifiques protestant contre les mesures d'austérité dans des pays de l'Union européenne, et l'absence de sanctions contre les forces de l'ordre responsables de ces abus. Des personnes qui manifestaient pacifiquement contre les mesures d'austérité adoptées dans les pays de l'Union européenne ont été frappées, aspergées de gaz lacrymogène et blessées par des balles en caoutchouc, dans un contexte où l'utilisation excessive de la force par les policiers ne fait l'objet d'aucune enquête et n'est pas sanctionnée", a déclaré Amnesty International dans un communiqué. L'organisation de défense des droits de l'Homme a critiqué non seulement "l'usage excessif de la force contre des manifestants et des journalistes", mais aussi "les arrestations arbitraires et les entraves à l'accès à l'assistance médicale". Elle a aussi "demandé aux gouvernements d'enquêter sur ces violations des droits humains et d'empêcher que de nouvelles atteintes se produisent". Amnesty, basé à Londres, cite plusieurs exemples, à Bucarest, Madrid ou encore Athènes, où le journaliste Manolis Kypreos a perdu l'ouïe après avoir été victime d'une "grenade incapacitante" (qui sert à désorienter la cible, NDLR) alors qu'il couvrait une manifestation en juin 2011. "Les gouvernements doivent réaffirmer et expliquer clairement que les policiers ne sont autorisés à recourir à la force que dans les cas de stricte nécessité", a estimé Fotis Filippou, coordinateur de campagne pour l'Europe et l'Asie centrale à Amnesty International. "Ils doivent adopter des directives fermes sur l'usage de dispositifs anti-émeute potentiellement meurtriers, comme le gaz poivre et le gaz lacrymogène, les canons à eau et les balles en caoutchouc (...). La police, qui est généralement le bras de l'Etat le plus visible, doit réussir à concilier la protection du droit à la liberté d'expression et le maintien de l'ordre public", a-t-il ajouté.