Les autorités irakiennes "useront de tous les moyens nécessaires afin de mettre fin à la protestation populaire", a annoncé le gouvernement hier dans un communiqué. Plusieurs partis politiques, ayant déclaré leur soutien au Premier ministre, ont également appelé à mettre fin aux manifestations. De nombreux chefs de parti, eux même pris pour cible par les manifestants, ont donné leur blanc-seing au gouvernement pour "mettre fin au mouvement de contestation par tous les moyens", ont indiqué des médias citant des responsables politiques. Dans le même temps, le Premier ministre irakien, Adel Abdul-Mahdi, qui était pourtant donné partant la semaine dernière, a annoncé hier son intention d'effectuer un important remaniement ministériel dans une tentative d'apaiser la rue qui continuait hier, trois semaines après la reprise de la contestation, de vibrer aux cris des manifestants réclamant la chute du régime. Les mesures annoncées par le gouvernement ont aussitôt suscité l'indignation au milieu des manifestants qui continuaient d'occuper hier la rue. Selon des observateurs, il faut s'attendre à davantage de répression, après ces annonces. Dans la ville de Bassora (sud), trois manifestants ont déjà été tués par les forces de l'ordre qui ont tiré à balles réelles sur les protestataires qui convergeaient vers le siège du gouvernorat, selon des sources médicales. Dans la capitale irakienne, des milliers de personnes ont maintenu leurs rassemblements et exprimé leur rejet des mesures du gouvernement décrié. "Les Irakiens ne croient pas aux annonces et veulent la chute du régime et le jugement de tous les personnes corrompues", scandaient les protestataires hier, selon des médias locaux. À Bagdad, des dizaines de manifestants ont été arrêtées dans la matinée par les forces de l'ordre après que ces dernières ont tenté de déloger les protestataires qui occupaient le pont de Senek, un des principaux ponts de la capitale. D'après des médias sur place, les forces antiémeutes ont fait usage de gaz lacrymogènes et lancé des bombes sonores contre les manifestants provoquant une panique générale au milieu de la foule et l'asphyxie de plusieurs personnes. Les forces de sécurité ont tiré également des grenades lacrymogènes sur les manifestants dans la rue Rachid, sur la rive orientale du Tigre, qui mène vers la place Tahrir de la capitale. Sur un autre plan, le Parlement irakien s'est réuni hier pour examiner un certain nombre de résolutions et voter des lois en lien avec les revendications des manifestants. Il s'agit notamment de la loi visant à abolir les privilèges des fonctionnaires. Ce qui reste très en deçà des revendications populaires. Depuis le 1er octobre, pas moins de 300 personnes, des manifestants pacifiques en majorité, ont trouvé la mort. . Karim Benamar