Un échange de slogans entre les deux blocs est allé en s'amplifiant jusqu'à dégénérer en propos insultants et en affrontements, heureusement sans gravité. Une marche de soutien à la présidentielle du 12 décembre, à laquelle a participé une centaine de citoyens, des personnes âgées pour la plupart, a été perturbée par des activistes du hirak, hier matin, à Annaba. Nettement moins nombreux que lors de la manifestation de mercredi dernier, les pro-élection, qui avaient commencé à battre le pavé depuis le Cours de la Révolution, n'ont pas pu dépasser le siège de l'APC d'Annaba, lorsqu'ils ont été rejoints par des dizaines de hirakistes fermement décidés à les empêcher de poursuivre leur marche en direction de la wilaya. Une scène, pour le moins singulière, s'est offerte alors aux passants nombreux sur cette place centrale de la ville, avec ces partisans du scrutin présidentiel scandant, d'un côté, "Djeïch, chaâb, khawa khawa" et "Yahia Gaïd Salah, tahia El Djazaïr" et, de l'autre, les irréductibles du mouvement populaire leur répondant "Makanch intikhabat mâa el îssabat". Un échange de slogans entre les deux blocs qui est allé en s'amplifiant jusqu'à dégénérer en propos insultants et en affrontements, notamment lorsque les plus hardis d'entre les contre-manifestants ont tenté de franchir le cordon de sécurité qui avait été dressé entre-temps par les éléments de la BRI. Ne se faisant pas prier, ces derniers ont commencé alors à bousculer les plus jeunes d'entre les opposants, allant jusqu'à faire usage avec une rare violence de leurs matraques et même à les poursuivre avant de les embarquer à bord des fourgons stationnés non loin. Renseignement pris, ce sont 15 personnes qui ont été arrêtées et entendues dans les locaux de la sûreté de wilaya. Une source digne de foi assure que toutes les personnes interpellées ont été immédiatement relâchées après leur audition. Une réédition de l'intervention musclée qu'ont opérée les forces de l'ordre, qui a indigné bon nombre de personnes présentes sur les lieux. Assurant leur neutralité par rapport aux agissements des uns et des autres, ces citoyens, qui se trouvaient là par hasard, trouvent inadmissible que les policiers portent tout à l'extrême. Cela en avouant qu'ils désapprouvent aussi les actions de certains hirakistes qui n'admettent pas l'expression d'une opinion autre que la leur. "Le peuple ne cesse de clamer depuis des mois qu'il est résolu à faire table rase du passé et qu'il n'acceptera plus jamais d'être gouverné par les figures du système honni et rejeté. Ce ne sont pas ces dizaines de cachiristes nostalgiques du passé et ceux qui les utilisent qui pourront empêcher le pays d'aller à la rencontre de son destin, nous ne ferons pas marche arrière. Le combat continue", nous confie l'un des participants à l'action d'hier.