Un mardi exclusivement dédié à Gaïd Salah à Oran, où une centaine de manifestants, qui ont animé la marche des étudiants, a clairement répondu au discours de dimanche dernier du chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP). La foule a été unanime à rejeter le "souhait" du vice-ministre de la Défense nationale (MDN) de convoquer le corps électoral pour le 15 septembre prochain, en scandant des slogans hostiles à Gaïd et en affirmant que l'élection présidentielle ne se fera pas avec les résidus de la bande. "Gaïd Salah, voti wahdek" (Gaïd Salah, tu voteras tout seul), "Makanch intikhabet mâa el-îssabat" (Pas d'élections avec la bande) ont été, entre autres, les slogans entendus pendant la marche d'hier, et les manifestants ont, de nouveau, vilipendé le règne des militaires. "Les généraux à la poubelle, Jazaïr taddi el-istiklal" (Les généraux à la poubelle, l'Algérie aura son indépendance), "Y en a marre des généraux" ou encore "Djeïch, chaâb, khawa khawa, Gaïd Salah mâa el-khawana" (L'armée et le peuple, frères, Gaïd Salah avec les renégats). Ils ont également rappelé l'essence même du hirak, celui d'une deuxième république à travers "Khawa, khawa, ndirouha joumhouria, madania, machi dawla aâskaria" (Tous frères, nous bâtirons une république civile et non un Etat militaire). Les manifestants ont aussi appelé au rejet de tous les symboles de l'ancien régime, qu'ils soient partisans (RND, FLN) ou institutionnels. "Ni Zeghmati ni Bensalah. Ni Bedoui ni Gaïd Salah", a scandé la foule qui a entonné, au cours de son itinéraire, le chant patriotique Min jibalina. Ce qui est à retenir également, c'est l'évocation, presque pour la première fois depuis le 22 février, de la désobéissance civile : "Âsyane madani rahou jay", en réponse au passage en force de Gaïd Salah. Malgré l'apparition des premières pluies saisonnières, les manifestants ont marché jusqu'au siège de la wilaya, où ils ont repris leurs slogans, avant de se disperser dans le calme. Saïd OUSSAD