Des milliers de personnes ont afflué des quatre coins de la wilaya pour participer à ce rendez-vous qui intervient en pleine campagne électorale. Une immense foule a investi, hier, pour le 40e vendredi consécutif, les rues de la ville de Tizi Ouzou pour réaffirmer son rejet massif de l'élection présidentielle et réclamer la transition démocratique. Sans aucune surprise, la mobilisation n'a fait que se renforcer davantage, hier, dans la ville des Genêts, où l'étroitesse de l'itinéraire menant de l'université Mouloud-Mammeri jusqu'à la place de l'Olivier n'a pas permis, une fois de plus, de contenir toute la marée humaine qui a déferlé sur la ville. Des hommes et des femmes ont afflué des quatre coins de la wilaya pour participer à ce rendez-vous, qui intervient en pleine campagne électorale. La marche venait à peine de s'ébranler, comme de coutume, à 13h30, du campus Hasnaoua, qu'un hélicoptère de la gendarmerie a commencé à tournoyer dans le ciel pendant qu'au sol la foule scandait à tue-tête, pendant quelques minutes : "Zoomi zoomi, maranach khayfine." La foule revient vite à l'objet de son envahissement de la rue et, comme pour les précédentes marches, ce sont les slogans dénonçant le maintien de l'élection de décembre par un pouvoir qui continue d'ignorer un peuple, pourtant visible de tous les coins de la planète, qui ont prédominé lors de cette 40e marche, comme en témoignent, d'ailleurs, les centaines de banderoles et les milliers de pancartes brandies par les manifestants. "Non à un 5e mandat déguisé, non au vote du chantage", lit-on sur une banderole déployée de bout au bout du large boulevard Abane-Ramdane du centre-ville. "Pour une annulation de l'élection du 12 décembre. Non à une élection avec les gangs. Le peuple a décidé, il ordonne, et le pouvoir doit exécuter." "Faisons avorter le simulacre électoral du 12 décembre", "Non à l'élection avec ceux qui veulent vendre l'Algérie", "Voter le 12/12, c'est trahir l'Algérie", "Voter le 12, c'est recycler le système", "Nos rêves n'entrent pas dans vos urnes", "Je n'irai pas acheter moi-même la corde qui vous servira à mieux me pendre ! Pas d'élection", "L'Algérie entière est unie pour faire barrage à l'élection de la honte", lit-on sur d'autres imposantes banderoles qui flottaient par-dessus les têtes, aux côtés des habituelles pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Ulac l'vot ulac", "Makanch l'vot mâa l'îssabat", "Oui pour une transition démocratique"… Parmi les banderoles, il y avait celles qui s'en prennent aux candidats à cette élection. "Un candidat qui s'impose, même révisé et repeint, ne peut incarner que la tyrannie, c'est pourquoi le peuple décrète : pas de vote", lit-on, entre autres, en première ligne d'un carré. De nombreux slogans réclamant la libération des détenus étaient également présents aux côtés des portraits de nombreux activistes emprisonnés. "Vous pouvez certes remplir les prisons, mais pas les urnes, libérez les détenus", "L'avenir de l'Algérie est emprisonné : libérez Smaïl Chebili", lit-on, entre autres. En première ligne d'un imposant carré, on voyait les parents de Karim Tabbou qui, malgré le poids des ans, brandissaient le portrait de leur fils, qui croupit dans les geôles du pouvoir.