La mobilisation populaire pour le changement radical du système et le rejet de l'élection présidentielle a été grandiose. à une demi-heure du début de la marche, les rues de Tizi Ouzou étaient quasiment désertes. Mais subitement, à 13h30, une foule, d'une dizaine de milliers de personnes, se forme au départ de la marche. Il y avait même des carrés constitués entièrement et exclusivement de femmes et d'enfants. "Ulac l'vot ulac", "Ulac l'vot ya el-îssabate", "Gaïd Salah dégage, Gaïd Salah dégage, hadh el âam makache l'vot", commence-t-on par scander au départ de la marche. La foule arpente la montée de l'université sous un soleil torride, digne des canicules estivales. Cependant, devant le stade du 1er-Novembre, les militants du Pacte de l'alternative démocratique formaient leur carré et déployaient leurs banderoles. "Pour une véritable transition démocratique", "Libérez les détenus politiques et d'opinion otages du régime", lit-on sur leurs deux imposantes banderoles. Devant eux, les uns derrière les autres, des carrés composés de milliers de manifestants continuaient d'affluer en sens inverse de la marche. "Makach l'vot, wallah man dirouh, Bedoui, Bensalah wallah itirou, wallah ma rana habssine", "Bled bledna, ndirou rayna", "Les généraux à la poubelle, l'Algérie tedi el-istiklal", "Y en a marre des généraux", "Madania machi âaskaria", "Libérez les otages", tels sont les slogans qui fusaient de différents carrés. Au centre-ville, la foule se transforme en un véritable tsunami. Elle se compte par centaines de milliers. Alors que les premiers avaient atteint le point de chute, les derniers étaient encore sur la route de l'hôpital. Dans certains carrés des drapeaux géants, national et amazigh, sont déployés. Des pancartes sont également brandies en grand nombre. Certaines portent des slogans, d'autres des messages. "Aux généraux aveuglés par le pouvoir et obsédés par leurs intérêts, le peuple vous dégagera bien avant le 12 décembre", "Ya el-îssaba, vous poussez à la violence, on vous répond par le pacifisme", "Le peuple a des ressources pour aller jusqu'au bout de ses revendications", "Non à la prise en otage de l'Algérie et de son peuple. Non à l'emprisonnement de ses enfants avec la complicité de la justice. L'Algérie et ses enfants triompheront", "Non à la commission indépendante de la fraude des élections", lit-on sur d'autres. La marche d'hier a été aussi l'occasion de dénoncer la nouvelle loi sur les hydrocarbures. "La loi sur les hydrocarbures est le prix exigé par les puissances étrangères pour cautionner et protéger la îssaba en place", lit-on sur une des pancartes brandies dans ce sens. Sur une banderole déployée par un enfant, on pouvait lire : "Ne brisez pas notre enfance. J'aime mon pays. Dégagez." Il y avait également des centaines de portraits de détenus et de pancartes appelant à leur libération.