Ils étaient encore près d'un millier d'étudiants, d'enseignants mais aussi de citoyens à prendre part, hier, à la 39e marche du mardi pour le changement de système et pour réaffirmer, encore une fois, le rejet massif du scrutin du 12 décembre prochain. Un rejet de l'élection qui a été, d'ailleurs, le principal mot d'ordre de cette marche, qui s'est ébranlée de l'entrée principale de l'université Mouloud-Mammeri vers la place des Martyrs, située à l'autre extrémité de la ville. Dès l'entame de la marche, dans des conditions climatiques favorables, plusieurs dizaines de pancartes appelant au boycott de la présidentielle ont été mises en évidence en première ligne. "Ulac l'vote ulac", "Non à l'élection de la honte", "Pas d'élection : elle est un danger pour l'Algérie et pour le peuple", "Pour une transition démocratique", "Imposons l'élection d'une assemblée souveraine", "Ulac l'vote : la parole au peuple", lit-on sur ces affiches. Ce rejet massif du scrutin a été encore exprimé de vive voix par la foule qui scandait tout au long du parcours : "Makanch intikhabat mâa l'îssabat", "Ya shab l'kascrout, makanch l'vote". "Les étudiants sont venus encore plus nombreux aujourd'hui pour dire que l'élection présidentielle n'est qu'une mascarade qui donnera une légitimité à un système finissant. Nous sommes bien conscients que c'est une magouille", a affirmé Yanis, un étudiant à l'université de Tizi Ouzou. Pour son camarade Aksil, "le peuple qui rejette le vote n'est pas dupe. Il poursuit normalement son chemin vers la liberté avec des moyens pacifiques". Tout en appelant à la libération de tous les détenus d'opinion, les manifestants ont brandi des portraits géants de Lakhdar Bouregâa, de Samira Messouci, de Nour El-Houda Yasmine et de Smaïl Chebili. Une banderole avec des photos de personnalités et d'activistes politiques arrêtés, entre autres Fodil Boumala, Samir Belarbi, Karim Tabbou et Abdelouahab Fersaoui, a été également déployée par les manifestants. Sur cette même bannière, il était écrit : "Nous sommes tous des otages" et "Libérez les détenus d'opinion." Par ailleurs, il est à souligner que des étudiants et des enseignants de l'université Mouloud-Mammeri ont annoncé, hier, le lancement d'une opération de collecte d'argent destiné aux familles des détenus. Une opération qu'ils comptent même élargir aux villages.