L'appel a été lancé vendredi, après qu'une rumeur a circulé sur les réseaux sociaux annonçant la venue du candidat Abdelmadjid Tebboune à Tizi Ouzou. Pour réaffirmer leur rejet de l'élection présidentielle en cette première journée de la campagne électorale, plusieurs milliers de personnes ont battu le pavé, hier, à Tizi Ouzou en scandant les slogans habituels, exprimant le rejet de cette élection et appelant au départ de tout le système. La marche a eu lieu suite à un appel lancé, vendredi, après qu'une rumeur a circulé sur les réseaux sociaux annonçant la visite du candidat Abdelmadjid Tebboune à Tizi Ouzou pour donner le coup d'envoi de sa campagne électorale. Mais, tout naturellement, les manifestants ne se sont pas contentés de tailler des croupières à ce candidat que d'aucuns qualifient de candidat à la régénération du système, puisqu'ils ont tenu à rejeter et surtout à dénoncer "un scrutin qui ne concerne pas les Algériens", comme on pouvait le lire sur une large banderole déployée. Sur d'autres banderoles, on pouvait lire également : "Un candidat qui s'impose, même révisé et repeint, ne peut incarner que la tyrannie. C'est pourquoi le peuple uni et unanime décrète : pas de vote." D'autres slogans rejetant l'élection présidentielle ont encore été scandés par la foule, dont le nombre n'a pas cessé de croître à mesure qu'elle avançait vers le centre-ville. "Ulac l'vote ulac", "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" sont, entre autres, les slogans scandés par les manifestants, dont certains tenaient des pancartes où on pouvait lire : "Non à l'élection de la honte", "Ulac l'vote ulac", "Nous ne voterons pas : vive l'Algérie." D'autres pancartes appelant à la libération des détenus d'opinion ont également été exhibées par un autre groupe de manifestants, composé essentiellement d'étudiants de la faculté de médecine dentaire, qui continuent d'exiger la libération de leur camarade, Smaïl Chebili, arrêté pour port de l'emblème amazigh, ainsi que de tous les détenus d'opinion. "Libérez Smaïl Chebili", "Halte à la répression et aux arrestations arbitraires", lit-on sur ces affiches. Arrivée au centre-ville, la foule, qui devait poursuivre sa procession vers la cour de Tizi Ouzou où un rassemblement était initialement prévu, s'est finalement dirigée vers le tribunal du centre-ville en solidarité avec un militaire à la retraite qui comparaissait, au même moment, devant le juge d'instruction. Sur place, les milliers de manifestants qui ont bloqué l'accès au tribunal avaient dénoncé "Âadalat téléphone" et scandé "Yel qadhi yal haggar", "Libérez les détenus", "Libérez les otages". Des personnalités politiques, des syndicalistes et des avocats ont également pris part à cette marche contre l'organisation du scrutin présidentiel. Approché à l'occasion, le coordinateur du RPK, Hamou Boumedine, a estimé que "cette marche vient juste après celle du vendredi et, donc, c'est à plus d'un titre que nous sommes favorables à cette démarche qui vise à amplifier le mouvement". Et pour cause, a-t-il expliqué, "il ne faut pas attendre le 12 décembre pour annuler l'élection. C'est maintenant qu'il faut aller vers des actions pacifiques pour montrer à l'opinion nationale et internationale que cette élection est un non-événement et même une atteinte à la souveraineté nationale", ajoutant que "le peuple algérien est dans une démarche pacifique et de paix civile. À cet effet, il faudrait que les décideurs comprennent qu'ils jouent un jeu dangereux en organisant cette élection qui est un danger pour la nation".