Les manifestants ont battu le pavé en scandant des slogans hostiles au pouvoir et rejetant une élection présidentielle dont l'objectif, dénoncent-ils, est de perpétuer le régime de Bouteflika sans Bouteflika. Alors que la campagne électorale en est à ses premiers balbutiements, les Oranais ont rendu leur verdict, hier, à l'occasion de la 40e marche de la révolution : "Le vote est une trahison nationale", ont-ils tranché. Par milliers, les manifestants ont battu le pavé en scandant des slogans hostiles au pouvoir et rejetant une élection présidentielle dont l'objectif, dénoncent-ils, est de perpétuer le régime de Bouteflika sans Bouteflika. "Les candidats et l'organisateur de l'élection appartiennent au même système qui n'hésite pas à recourir à la violence physique contre des manifestants pacifiques. Et on veut nous faire croire qu'il s'agit d'une élection transparente ?", a raillé une manifestante, alors que la nouvelle de l'interpellation d'une quinzaine de manifestants, partis perturber le meeting du candidat Abdelaziz Belaïd, faisait le tour de la marche. Des témoins ont, en effet, rapporté que des citoyens opposés au scrutin présidentiel ont été violemment interpellés par la police à Médioni, quartier où Belaïd devait animer un meeting. "Ils ont été bousculés, frappés par la police avant d'être embarqués sans ménagement", a raconté l'un d'eux. Kaddour Chouicha, président local de la Laddh, et plusieurs figures du hirak oranais, tels qu'Abdelhadi Abbès et Kacem Saïd, font partie des personnes arrêtées de même que Djamila Loukil, journaliste à Liberté. L'annonce de ces interpellations a galvanisé les manifestants qui ont redoublé d'ardeur en jurant poursuivre la lutte contre l'arbitraire quelles qu'en soient les conséquences. "Mettez-nous les menottes… tirez sur nous… nous n'arrêterons pas !", ont-ils crié devant des dizaines de smartphones qui transmettaient en direct sur les réseaux sociaux. Arrivés en face du siège de la wilaya, des milliers de manifestants ont continué de chanter pour la liberté, la démocratie et l'Algérie libérée de l'ancien système. "Nous n'avons plus le droit de reculer. Nous sommes allés loin et la victoire est proche. La violence du pouvoir est un signe de panique. Il faut poursuivre la lutte", a affirmé un manifestant de la première heure, tandis que des jeunes chantaient "H'na ouled Amirouche, marche arrière manwellouch" (Nous, enfants d'Amirouche, nous ne ferons pas marche arrière). Pendant que le rassemblement battait son plein, des acteurs du hirak discutaient de la meilleure manière de rallier le siège de la sûreté de wilaya pour exiger la libération des personnes arrêtées à Médioni. Après des pourparlers entre les partisans d'une marche directe vers le commissariat central de police, au risque d'une confrontation quasi certaine avec les forces de l'ordre disposées sur le parcours, et les plus sages, qui recommandaient d'abord un retour vers la place du 1er-Novembre, la sagesse l'a emporté et les manifestants ont repris le chemin de l'ex-place d'Armes pour s'organiser et prendre la direction de la sûreté de wilaya. Au moment où nous rédigeons cet article, les personnes interpellées n'étaient toujours pas relâchées.