Brandissant les portraits des détenus de la révolution, les milliers de manifestants ont fustigé le tribunal de Sidi M'hamed qui a condamné des porteurs de l'emblème amazigh pour un délit imaginaire. La détermination des Oranais à faire barrage à l'élection présidentielle du 12 décembre et à chasser les figures du pouvoir en place ne faiblit pas. Elle aurait même tendance à se raffermir en raison de l'entêtement des pouvoirs publics à organiser le scrutin en dépit de son rejet par une majorité d'Algériens, de la condamnation des porteurs de l'emblème amazigh et de la répression qui s'est abattue, ces derniers jours, sur les citoyens réfractaires au pouvoir à Annaba et à Constantine. "Rien ne nous fait plus peur désormais. Nous continuerons à lutter pour éradiquer jusqu'au dernier représentant de ce pouvoir corrompu", a juré un manifestant en joignant sa voix à toutes celles qui scandaient "Pouvoir assassin", "Pas de vote avec la bande", "Passez-nous les menottes, nous ne voterons pas"…, et tous les slogans hostiles au pouvoir que des millions d'Algériens reprennent chaque semaine à travers les wilayas du pays. La répression, les arrestations, la détention, les Oranais n'en ont plus peur, eux qui ont osé brandir l'emblème berbère à côté du drapeau national. "Les enfants de cet emblème ont combattu et donné leur vie pour que les enfants du drapeau national puissent vivre libres sur leur terre. Qu'on cesse la falsification de l'Histoire !", a crié une manifestante agrippée aux deux étendards tandis que les "H'na ouled Amirouche, lellor manwellouche" (Nous, enfants d'Amirouche, nous ne reculerons pas), fusaient de toutes parts. Brandissant les portraits des détenus de la révolution, dont Lakhdar Bouregâa, Karim Tabbou, Samir Belarbi, Ibrahim Daouadji, Brahim Jawad…, les milliers de manifestants ont fustigé le tribunal de Sidi M'hamed qui a "condamné des porteurs de l'emblème amazigh pour un délit imaginaire". Ils ont également appelé à l'indépendance de la justice et à l'instauration d'un Etat de droit fondé sur la justice sociale et le respect des libertés. "Il faut maintenir la pression. Les jours de ce pouvoir sont comptés et nous pourrons libérer notre pays", a encouragé un des animateurs du hirak, convaincu que la détermination du peuple finira par "triompher d'un gouvernement illégitime, d'un Parlement aux ordres et de toutes les institutions corrompues". Les manifestants se sont, par ailleurs, donné rendez-vous ce samedi pour faire pacifiquement barrage à une manifestation en faveur de l'élection que des parties proches du pouvoir s'apprêtent à organiser. "Makanche el vote, ya s'hab el casse-croûte", ont-ils lancé à ceux qui, dit-on, acceptent de marcher pour 1 000 DA et un sandwich.