Les deux campus universitaires de Béjaïa, sis à Targa Ouzemmour et à Aboudaou, étaient en ébullition durant la journée d'hier. À la grogne du collectif des enseignants et travailleurs (ATS), qui observent un mouvement de protestation contre l'administration rectorale, est venue s'ajouter la colère des étudiants qui ont organisé, hier, deux marches distinctes dans l'enceinte des deux campus pour dénoncer les "abus de pouvoir" et les "dépassements" commis par les responsables de l'université Abderrahmane-Mira. En effet, à l'appel de la section locale du syndicat Cnes, un rassemblement de protestation a été tenu, hier matin, devant la Faculté des sciences exactes en signe de soutien aux dix enseignants du département de physique menacés de licenciement pour avoir maintenu leur mouvement de grève déclenché le 31 octobre dernier. Rappelons que les enseignants grévistes s'opposent au "parachutage" par l'administration rectorale de leur nouveau chef de département, issu de la Faculté de technologie. Le doyen de la Faculté des sciences exactes a envoyé deux mises en demeure aux grévistes, les sommant de rejoindre leur poste de travail dans l'immédiat, faute de quoi il sera procédé à leur "révocation pour abandon de poste". Cette façon d'agir n'a pas été du goût du Cnes et du Collectif des enseignants et travailleurs né au lendemain du déclenchement de la révolution pacifique en marche. Parallèlement à ce rassemblement de protestation, les étudiants des deux Facultés de lettres et de droit ont battu le pavé, hier, à l'intérieur du campus d'Aboudaou, en guise de solidarité avec les enseignants du Département de physique. De leur côté, les étudiants du Département génie électrique ont également marché, hier, dans l'enceinte du campus de Targa Ouzemmour pour dénoncer "les agissements" du recteur. Les manifestants accusent le Pr Boualem Saïdani d'avoir fermé l'auditorium Saâd-Djaâfri qui devait accueillir leur activité scientifique. "Notre recteur a verrouillé tous les espaces d'expression, en mettant en avant une note ministérielle interdisant toute activité autre que pédagogique dans l'enceinte universitaire. Le comble est que même les rencontres scientifiques sont touchées par cette mesure abusive. Nous appelons toute la communauté universitaire de Béjaïa à se mobiliser davantage pour reconquérir ses espaces de débat et d'expression libres", nous a déclaré Samir Mihoub, responsable de la section Snapap de l'université Abderrahmane-Mira.