Pas moins de cinq communes de la wilaya de Béjaïa ont connu, hier, des manifestations contre la tenue de l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain, et pour exiger, par la même occasion, la libération de tous les détenus du mouvement populaire né le 22 février. En effet, des milliers de citoyens sont sortis, hier, dans la rue dans les chefs-lieux communaux de Tichy, de Souk El-Tenine, de Darguina, de Taskriout et d'El-Kseur, pour exprimer leur refus sans appel de cautionner la mascarade électorale en cours et rappeler les revendications du hirak, notamment "la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers politiques et d'opinion", "le départ de toutes les figures du système" et "l'engagement d'un processus transitionnel devant permettre l'instauration d'une nouvelle république démocratique et sociale". Si les deux villes côtières Tichy et Souk El-Tenine ont été, hier, le théâtre de deux imposantes marches citoyennes, qui ont drainé des milliers de personnes, à Darguina et à El-Kseur les citoyens ont organisé des rassemblements de protestation devant les sièges des deux daïras pour dire "Non à l'élection !" et réclamer la libération des "otages" (détenus du hirak). Les manifestants, qui ont dénoncé les réquisitions adressées par les services de daïra aux fonctionnaires des APC pour les inviter à s'impliquer dans la surveillance des bureaux de vote, le 12 décembre prochain, ont érigé des murs de clôture devant les bureaux des élections au niveau des deux daïras de Darguina et d'El-Kseur. Interpellés publiquement par les manifestants qui filmaient la scène, les deux chefs des daïras d'El-Kseur et de Darguina ont pris la parole devant la foule pour reprendre la fameuse déclaration des autorités, disant que "l'administration locale n'a aucun rôle à jouer dans l'organisation du scrutin présidentiel du 12 décembre. Cette mission incombe à l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie)". Néanmoins, la foule n'a pu tolérer la dérobade, devenue systématique, des deux commis de l'Etat qui tentaient de calmer les esprits. "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec les bandes mafieuses), "Dawla madania, matchi âaskaria" (Pour un Etat civil et non militaire), "Système dégage !"… sont autant de slogans scandés par les manifestants en guise de réaction aux propos non convaincants de ces deux chefs de daïra. Notons enfin que les hirakistes de Béjaïa ont tenu également, hier, leur rassemblement quotidien devant le siège de la wilaya pour réitérer le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre et exiger la libération des détenus d'opinion.