Des perturbateurs parfois agressifs et s'attaquant violemment aux hirakistes, particulièrement aux femmes, ont fait leur apparition. Le 41e vendredi de la contestation à Oran a été celui du rejet de l'élection présidentielle, et avec l'approche de la date du scrutin, les manifestants font étalage de leur refus de cautionner un rendez-vous électoral joué d'avance. Hier, presque tous les slogans convergeaient vers ce rejet "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec la bande). "Rameutez vos forces d'intervention, nous jurons que nous ne voterons pas de cette manière", "Le peuple a juré de ne pas voter", n'a pas arrêté de scander la foule tout au long de son itinéraire habituel menant vers le siège de la wilaya d'Oran. Pourtant, la marche pacifique a failli dégénérer avec un début d'échauffourée entre les manifestants et les pro-élection, lorsqu'un "deux cent mille", comme les ont qualifiés les hirakistes, a tenté d'arracher le drapeau brandi par un jeune. Malgré la présence d'un cordon de sécurité composé de six uniformes de la police et certainement d'autres agents en civil, les choses ont failli tourner à un début de bagarre générale, n'était l'intervention de certains sages présents dans la marche. À noter que c'est le premier vendredi de novembre qu'on assiste à une présence policière à l'intersection qui mène de la rue d'Arzew vers le quartier populaire de Cavaignac, non loin de la mosquée Salmane-El-Farissi pour prévenir tout risque de dérapage. Il faut dire que depuis septembre dernier des perturbateurs parfois agressifs et s'attaquant violemment aux hirakistes, particulièrement aux femmes, ont fait leur apparition à cet endroit. Leur but est de provoquer verbalement les manifestants pour perturber les manifestations du vendredi. Même si leur nombre ne dépasse guère la trentaine, leur présence et les propos souvent déplacés suffisent à créer une tension autour de la marche. "Ils ne sont pas là gratuitement", fait remarquer Mahmoud, un inconditionnel du hirak, qui estime qu'ils sont, pour certains d'entre eux, en service commandé. Qui sont-ils ? "Ce sont pour la plupart des enfants du quartier qui sont rameutés par une poignée de personnes. Ils sont payés pour semer la zizanie au milieu des marcheurs", explique une source au fait du sujet. Hormis cet incident déplorable, la marche d'hier a repris les traditionnels slogans du hirak : "Klitou lebled ya saraqine" (Vous avez ruiné le pays, bande de voleurs), "Pouvoir assassin", "Chaâb yourid el-istiqlal" (Le peuple veut son indépendance), avec des références à l'actualité politique : "Non à l'ingérence de l'UE", avec au passage un appel à la libération des détenus d'opinion.