Les opposants au pouvoir sont encore sortis, hier à Oran, pour réaffirmer leur rejet du scrutin du 12 décembre 2019 et appeler les Algériens à ne pas adhérer au projet visant à prolonger le 5e mandat : "Ya Mihoubi, makanch ôuhda khamissa" (Mihoubi, il n'y aura pas de 5e mandat), ont-ils notamment scandé au moment où le secrétaire général du FLN suggérait la possibilité du soutien du parti honni par le peuple au candidat du RND. Sur le parcours qui les a menés de la rue Mostaganem à la place du 1er-Novembre, les manifestants ont été confrontés à quelques partisans du vote qui, depuis les trottoirs, ont tenté de les narguer. "Jabouhoum men zaouiya, ou âtawhoum telt mia" (Ils les ont ramenés de la zouaïa et leur ont donné 3 000 DA), ont-ils répondu en allusion à la manifestation pro-élection du 17 novembre pour laquelle le FLN et le RND, notamment, ont recouru aux organisations de masse proches du pouvoir pour tenter d'organiser une grande marche et donner l'illusion d'une adhésion populaire à l'élection. Ce qui s'est révélé un échec d'autant plus retentissant que la manifestation a été organisée sous la protection de policiers qui n'ont pas hésité à user de brutalité contre les hirakistes. Au cours de leur marche anti-vote, les manifestants n'ont pas manqué de lancer des messages à Jawad Brahim, 19 ans, condamné à un an de prison pour avoir détruit une pancarte de l'Anie, dont le procès en appel est programmé ce matin à la cour d'Oran. "Ah ya Jawad, inch'Allah lila talya", ont-ils scandé en souhaitant que ce soit la dernière nuit qu'il passe en prison. Malgré le froid et un dispositif policier toujours aussi imposant, les marcheurs ont repris tout le répertoire des slogans hostiles au pouvoir, à l'organisation de l'élection et aux cinq candidats qui ont accepté d'aller à l'encontre de la volonté du peuple. Ils ont également scandé leur détermination, intacte malgré neuf mois de mobilisation, à continuer de lutter dans "la silmiya" jusqu'à atteindre leurs objectifs. "Même si le scrutin se tient, qu'un nouveau président est installé, il n'aura aucune légitimité, aucune assise populaire. Nous le chasserons comme nous avons chassé Bouteflika", a juré un des manifestants alors que la procession arrivait place du 1er-Novembre. Aujourd'hui, les manifestants marcheront encore contre l'élection mais aucune indication sur le lieu du départ de la marche n'a été donnée. Mesure de prudence qui leur permet d'éviter d'être bloqués par un éventuel dispositif policier.