La 42e marche des étudiants, ce mardi, à Alger, était empreinte d'un autre décor. Un dispositif policier impressionnant était déjà à l'attente des étudiants à la Place des Martyrs, lieu de départ de la manifestation. Les étudiants, rassemblés en grand nombre, scandaient des slogans hostiles au pouvoir, réitérant leur rejet total des élections présidentielles «makach intikhabat maa el'içabaat »,«12 12 la yajouz ». A 11h, la marche s'ébranle. Ils sont des milliers de manifestants à progresser vers le centre de la capitale. Au fur et à mesure, de nombreux citoyens rejoignent l'interminable cortège des marcheurs. Arrivés à la place l'Emir AbdelKader, ils entonnent en boucle « hna wlad amirouch marche arrière manwalouch ». A la Grande Poste, les étudiants ne marquent pas, cette fois, leur halte habituelle. Ils marchent directement vers la rue Didouche Mourad. Le chant «1212 la yajouz »enflamme la place Maurice Audin. Toutes les pancartes, slogans, chants expriment le même message : « non aux élections ». Mais voilà que les étudiants changent à nouveau d'itinéraire comme pour contourner le dispositif sécuritaire. Ils enjambent la rue Victor Hugo. A la Place de la liberté de la presse, rue Hassiba Ben Bouali, ils scandent « sahafa houra adala moustaqila ». A 13h, ils tentent de progresser vers la place du 1er Mai. Mais un cordon policier stoppe leur marche. Les étudiants, toujours pacifiques, évitent la confrontation. Ils rebroussent chemin, en appelant les commerçants à les rejoindre «aghlaq hanoutek w'arwah maana». Les commerçants ne manquent pas à l'appel. En un clin d'œil, tous les rideaux des magasins sont fermés. La Rue Hassiba Ben Bouali vibre aux cris « la grève général yasqot enidham». De plus en plus nombreux, les étudiants poursuivent leur marche vers la rue El Khetabi , en passant par l'Avenue Amirouche et la Grande Poste. Mais un autre dispositif sécuritaire les attendait là aussi, pour les empêcher d'atteindre la Place Maurice Audin. Ils font preuve de la même sagesse. Aucune confrontation. Pas le moindre incident. Ils scandent «silmya silmya», avant de se disperser, vers 14h30, dans le calme, se donnant un autre rendez-vous demain mercredi, pour maintenir la pression sur le pouvoir en place, à la veille de la date des élections présidentielles. Kenza Sifi