Voulant rompre avec “les célébrations folkloriques” des dates symboles, le Front des forces socialistes (FFS) a organisé hier à la salle Rouiched de Hussein-Dey (Alger) un meeting populaire. Une activité qui s'inscrit dans le cadre de la commémoration du 20 Août. La forte présence des services de sécurité tout autour du lieu de la rencontre n'a pas pour autant dissuadé les citoyens à venir nombreux écouter les cadres du FFS. Les banderoles accrochées çà et là dans la salle ou dans le hall d'entrée “La réconciliation est une valeur à ne pas confier aux criminels”, “Pas de réconciliation sans vérité et justice”, “La véritable réconciliation doit se faire entre l'Etat et la nation”,… renseignent sur l'opposition du FFS à la réconciliation version Bouteflika. En prenant la parole, Ali Laskri a lancé à l'adresse de ses militants : “Votre combat perpétue l'esprit du 1er Novembre 54 et les principes de la plate-forme de la Soummam entre autres, la primauté du politique sur le militaire.” Tout en dénonçant les “restrictions juridico-administratives” dont est victime son parti, Laskri s'est élevé contre la bienveillance du gouvernement à l'égard des archs. “Le gouvernement travaille avec eux officiellement en utilisant les deniers de l'Etat. Il les reçoit dans une salle, les prend en charge et les affiche même à Alger”. La conviction de Laskri est que son parti finira par concrétiser son programme. Pas seul, reconnaît-il, mais avec “des personnalités crédibles et autonomes, et du mouvement associatif autonome”. Un programme qui a pour ambition l'avènement d'une Algérie démocratique qui passe par le changement du régime en place. Pour Ali Laskri, l'histoire de l'Algérie pré et post-indépendante est une suite successive de coups de force contre la légalité. Et de citer la destitution du GPRA en 1962, la déposition de Ben Bella, la mise à l'écart de Mouloud Hamrouche, l'arrêt du processus électoral de 1991, le départ de Zeroual,… même l'assassinat de Matoub Lounès est mis sur le dos du régime qui voulait par son “forfait” faire payer à la Kabylie sa résistance. Et d'avertir : “C'est très dangereux. Lorsqu'on fait dans la dérive et l'arbitraire, on ne peut pas construire car on n'est pas crédible et on ne peut pas gagner la confiance des Algériens.” Sur le plan socioéconomique, tout est sombre aux yeux de Laskri : pauvreté, chômage, commerce informel,.... Ce qui l'a amené à crier à une “destruction programmée de l'Algérie” qui favorise “la dévalorisation du politique” et à dénoncer le recours systématique du gouvernement à la répression en l'absence d'un système de médiation avec les citoyens. En gros, Laskri considère que l'Algérie est dans l'impasse et la seule solution est la démocratie, “une option de cœur et de raison”, une phrase de Hocine Aït Ahmed. Pour ce qui est de la dissolution des APC et APW de Kabylie, Laskri l'a qualifiée d'“atteinte à la cohésion nationale”. Pour sa part, Kamel Eddine Fekhar, secrétaire national au mouvement associatif, a vu dans le départ forcé des élus de Kabylie un moyen pour imposer l'amnistie. Sur cette question du départ des élus de Kabylie, Karim Tabbou a confié : “On a dissous les APC et APW pour passer frauduleusement l'amnistie. C'est une démarche qui montre tout simplement l'indigence des dirigeants qui sont incapables pour des raisons d'inaptitude qu'ils sont en train de conduire le pays vers le chaos. Mais je ne pense pas qu'il y aurait des partielles. Quand on prononce la dissolution, on convoque immédiatement le corps électoral.” Quant à la position qu'adoptera le FFS à l'égard du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Tabbou s'est contenté de dire : “Contrairement à ceux qui se sont précipités pour soutenir la démarche de Bouteflika, nous nous avons la culture du débat.” Mais tout porte à croire que l'option du rejet de la charte serait la plausible. ARAB CHIH