Hussein Dey. Quartier d'Alger. Le meeting du FFS, jeudi après-midi à la salle Rouiched, a drainé beaucoup d'agents de police en tenue et en civil, des Renseignements généraux, de CNS natinet d'autres services, dont la présence a été constatée de la rue Tripoli aux abords de la place du 1er Mai. L'autorisation de la tenue du meeting n'a été obtenue que la veille. Des barrières de police étaient disposées sur une bonne partie de la rue principale de Hussein Dey. Les militants étaient là aussi. Salle comble. Des vieux qui se souviennent du maquis de 1963. Des jeunes qui supportent mal la présence policière. Le chef de sûreté de la wilaya d'Alger demande aux animateurs du meeting d'enlever une banderole accrochée à l'entrée de la salle. « Dictateurs, tortionnaires, criminels d'Etat, la justice vous attend !! », pouvait-on lire en bleu sur tissu blanc. Aït Chérif, secrétaire national, préfère « éviter la provocation » et décide d'enlever la banderole pour l'accrocher dans le hall de la salle. Des militants s'opposent. Echanges verbaux nerveux. La police regarde. Seule la pancarte « Pour une société civile autonome » est tolérée. Une journaliste qui prend des photos est traitée d'espionne par un militant au bord de la crise de nerfs. La banderole finit par être accrochée dans le hall. Un agent RG retardataire tente de s'informer auprès de journalistes gênés de l'envoyer balader. Ambiance chaude. Août y est aussi pour quelque chose. Tabbou, le porte-parole du FFS, demande au journaliste et techniciens de l'ENTV de quitter la salle. « Le pouvoir à travers son projet de réconciliation nationale mène une guerre d'extermination contre le politique », lance Ali Laskri, premier secrétaire du parti. Selon lui, la « réconciliation nationale » serait le « le couronnement de la seule stratégie des décideurs qui consiste en l'éradication du politique ». Il dénonce également « une gestion unilatérale de la crise » par un Etat qu'il qualifie d'« informel ». Laskri fait la jonction avec le décret de dissolution des assemblées élues en Kabylie, rappelant qu'il s'agit d'une initiative « illégale et arbitraire ». « La dissolution des assemblées a été réfléchie dans des laboratoires pour imposer la ‘'réconciliation nationale''. Tant qu'il n'y a pas d'élus, ils peuvent passer n'importe quoi », indique pour sa part Kameldine Fekhar, secrétaire national au mouvement associatif. Attaques contre le pouvoir qui « veut substituer la plate-forme démocratique de la Soummam par une plate-forme cocotte-minute inspirant l'anarchie », selon les termes de l'élu mozabite. Le meeting du FFS a été tenu pour célébrer, « hors cadre folklorique », le double anniversaire de l'offensive de l'ALN dans le Nord constantinois du 20 août 1955 et du congrès de la Soummam de 1956 à la même date. « Le congrès de 1956 avait plaidé pour la primauté du politique sur le militaire. Aujourd'hui, le régime est autoritaire (...) Un régime qui mène depuis sa création une série de coups d'Etat », indique M. Laskri. Dans une lettre adressée aux militants FFS à cette occasion, Abdelhamid Mehri, secrétaire général du FLN écarté par un « coup d'Etat » organique en 1996, camarade de lutte de Abane Ramdane et membre du comité de coordination et d'exécution, organe exécutif émanant du congrès de la Soummam, a appelé à sortir des « commémorations monotones » et d'éclairer les grands moments de la guerre de libération à travers la recherche historique et l'analyse politique. Mehri a également prévenu contre une « personnalisation » des débats qui ont animé le congrès de la Soummam et contre les « tentatives de légitimation de l'exclusion lors de la dernière décennie, en prenant prétexte des positions de Abane Ramdane ». Aujourd'hui, le FFS organise une commémoration à Ifri Ouzelaguen à Béjaïa.