Toutes les tentatives d'organiser une marche de protestation contre l'élection ont été avortées. Jamais Oran n'a connu un déploiement policier aussi impressionnant que celui du jeudi 12 décembre 2019. En uniforme ou en civil, à pied, à motos ou en voitures, occupant les places publiques ou arpentant les artères de la ville, ces centaines de policiers se sont mobilisés pour empêcher toute contestation de l'élection présidentielle. À 10h, la place du 1er-Novembre a été "nettoyée" des quelques manifestants qui voulaient organiser une marche. Dès leur arrivée, hommes et femmes ont été interpellés sans ménagement et arrêtés. Toutes les tentatives d'organiser une marche ont été rapidement avortées. À Tahtaha de M'dina J'dida, à la place Roux, au boulevard Zabana, près du musée éponyme, à la place Valéro, des manifestants ont été interpellés et conduits dans les commissariats environnants. À midi, des sources proches du hirak évoquaient déjà une centaine d'arrestations mais sans que cela entame la volonté de beaucoup d'autres hirakistes d'organiser leur marche anti-vote. Pendant ce temps, les bureaux de vote du centre-ville étaient pratiquement vides si l'on excepte quelques rares électeurs qui se rendaient vers l'un ou l'autre des 2 427 centres ouverts dans l'ensemble de la wilaya. Ce qui, a priori, était prévisible étant donné le rejet exprimé par les Oranais tout au long des dernières semaines. Le taux de participation annoncé à 11h atteignait péniblement 7,22% sur le 1 053 564 inscrits sur le fichier électoral (chiffre livré par l'Anie). Mais il allait augmenter lentement dans l'après-midi pour atteindre 21,55%, à 15h et 33,32%, à 17h. À la clôture de l'opération de vote, les autorités ont annoncé un taux de participation de 44,24%. De leur côté, une centaine de manifestants opposés au scrutin ont réussi à se regrouper près du lycée Lotfi pour tenter une marche en direction de la place du 1er-Novembre. 200 mètres plus loin, ils ont été accueillis par la police qui n'a pas hésité à utiliser la matraque et les bombes lacrymogènes pour maîtriser de jeunes étudiants et étudiantes. Là aussi, une trentaine de personnes ont été embarquées et conduites dans des sûretés urbaines. Un peu plus tard, ce sont trois avocats qui ont été interpellés dans un café par des éléments de la BRI, conduits à la 8e sûreté urbaine avant d'être relâchés. Au final, le scrutin a pu avoir lieu au prix d'une répression inédite et de quelque 300 arrestations dans les rangs des hirakistes.