Sur le parcours de cette pénétrante, reliant le port de Djen Djen à la ville d'El-Eulma sur 110 km, on assiste à des scènes d'une désolation extrême avec des tronçons routiers et des ponts abandonnés. L'un des plus importants projets structurants dont a bénéficié la wilaya de Jijel pour la réalisation d'une pénétrante à l'autoroute Est-Ouest pour un montant global avoisinant 200 milliards de dinars n'est plus qu'un leurre. Consommée ou pas, cette somme faramineuse, au lieu de déboucher sur la livraison de cette infrastructure au terme de trois années de travaux, comme prévu à son lancement, a donné lieu à un fiasco. Sur tout le parcours de cette pénétrante, reliant le port de Djen Djen à la ville d'El-Eulma sur 110 km, des scènes d'une désolation extrême montrent des tronçons et des ponts abandonnés. Partiellement réalisés et jamais achevés, ces ouvrages d'art sont visibles tout au long de ce parcours de Sétif à Jijel en passant par la wilaya de Mila. Et dire que vingt mille milliards de centimes, soit l'équivalent de plus d'un milliard de dollars, ont été retenus pour la réalisation de ce projet, qui a toujours connu des problèmes financiers. Depuis son lancement, et alors qu'aucun tronçon n'a été livré à ce jour, des échos ont toujours fait état d'aléas d'ordre financier. La faillite est à peine voilée, puisqu'on parle d'un chantier à l'arrêt qui n'emploie que moins de la moitié du personnel recruté. Qui est responsable de cette faillite ? Où en est-on de la consommation de l'enveloppe réservée à ce projet ? Telles sont les quelques interrogations soulevées à Jijel, qui connaît sa grande désillusion avec le ratage de ce projet sur lequel elle a misé pour se donner de nouvelles opportunités de désenclavement et de développement économiques. Au-delà de ces interrogations, légitimes au demeurant, le projet en question a été confié en mars 2014 de gré à gré à un groupement d'entreprises algéro-italien (48% Rizzani de Eccher, 47% ETRHB et 5% Sapta). De ce gré à gré, c'est à un projet fantôme que cette opération d'envergure a débouché. Notons qu'au départ de son annonce en 2009, cette pénétrante n'était concernée que par des entreprises étrangères de par la complexité de son exécution. Dans le tronçon traversant Jijel, Haddad et son entreprise ont fait appel à un groupe turc, Mapa, pour sous-traiter la réalisation des deux tunnels de Texenna, qui n'ont guère été achevés, tout comme 11 autres ouvrages d'art. Pour l'histoire, il y a dix ans, le montant de ce projet avait fait l'effet d'une annonce fracassante de par sa consistance. C'était à la salle de conférences de la cité administrative à Jijel, lors d'un rassemblement pour faire le bilan des réalisations de Bouteflika à la veille de son troisième mandat. Ces vingt mille milliards et non des moindres, comme l'avait si bien martelé le wali de l'époque, Ahmed Mabed, aujourd'hui à la tête de la wilaya de Béjaïa, avaient alors été annoncés pour la réalisation de ce projet. Les acclamations qui avaient fusé de la salle pour applaudir cette somme n'ont finalement d'égales que les désillusions nées du ratage de la concrétisation de cette pénétrante, alors même que le montant qui lui a été réservé serait déjà parti en fumée.