Résumé : Kamélia est à bout. Elle ne supporte pas les regards des gens, même de la famille, qui veulent à tout prix qu'elle retire sa plainte. Ils tiennent à ce qu'elle se culpabilise alors qu'ils ont été deux victimes de Tewfik. Au village, on ne cesse de parler d'elle, même si elle ne sort plus dehors. À bout, un jour elle décide de partir à Alger faire la tournée des hôpitaux et des cliniques pour retrouver son mari, dont elle n'a aucune nouvelle depuis que sa famille l'a emmené. Moh et Fathma ont tenté de la raisonner. Elle ne peut pas partir sur un coup de colère. Ils ont beau lui affirmer qu'ils finiront par l'oublier lorsqu'il y aura un autre scandale ou drame au village, elle refuse de les écouter. Pour la deuxième fois de sa vie, elle prépare son départ. -Je m'excuse, dit-elle à ses parents. Mais je n'ai plus ma place ici. Je dois retrouver mon mari. Il n'est plus autonome. Je dois le voir et savoir s'il veut encore de moi. Je ne peux pas rester à attendre qu'il revienne alors que je sais qu'il est cloué au lit, à la merci de sa famille. -Ils risquent de s'en prendre à toi. Attends, nous allons venir avec toi, dit Fathma. Tu ne les affronteras pas toute seule. Mais Kamélia refuse. Elle ne veut pas qu'elles se querellent à nouveau. Elle n'a plus la patience. Tout ce qu'elle veut, c'est retrouver son mari. Sa grossesse avançait. Si les choses ne s'arrangent pas entre eux, le bébé naîtra sans la présence de son père. -Non, non. Yemma, tu restes auprès de papa, réplique-t-elle fermement. Il est encore faible. Il a besoin de toi et de calme. Je vous promets d'appeler et de vous tenir au courant. -Tu n'es pas en état de rester seule, dit Moh. Je vais m'inquiéter. -Si je reste ici, je deviendrai folle. On n'aurait jamais dû s'installer ici, dit-elle. Je regrette de ne pas avoir insisté. Si Idir m'avait écoutée, peut-être que rien de tout ça ne nous serait arrivés. -Les regrets ne servent à rien, dit son père. Prends soin de toi. Mais n'oublie pas, tu es ici chez toi et tu reviens quand tu veux. Appelle-nous quand tu arrives chez toi. Une fois sa valise prête, elle ne tarde pas à partir. Durant tout le trajet, elle pense à Idir, à leur mariage heureux et au bonheur qu'ils avaient ressenti et partagé en apprenant que leur foyer s'agrandirait. Idir voulait une fille. Les souvenirs de son mari en train de peindre la chambre en rose et de la décorer lui reviennent et la font pleurer. Son cousin lui a gâché la vie à deux reprises. Jamais elle ne le lui pardonnera. Elle tient à retrouver son mari et à le soutenir. Elle voudrait qu'il soit là le jour où leur enfant viendra au monde. Il aura une raison de plus de s'accrocher à la vie. Elle soupire en arrivant dans son quartier. Heureusement qu'elle n'avait pas vendu son studio. Pendant tous ces mois où il est resté inoccupé, son amie Nawel s'était chargée de l'aérer de temps à autre et d'y ramener une femme de ménage une fois par mois pour que la poussière ne s'accumule pas dans ce havre de paix, hérité de sa tante. -Qu'Allah te comble de bienfaits, ma chère amie, dit-elle, comme si celle-ci pouvait l'entendre. C'est la fin de la journée. Elle n'ose pas se rendre aux hôpitaux de nuit. Elle décide de se reposer. Demain, à la première heure, elle commencera ses recherches. Demain est un autre jour. Elle se met au lit sans dîner. Elle ne parvient pas à fermer l'œil de toute la nuit. Il lui semble que Tewfik est là et la surveille.
(À SUIVRE) T. M. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.