Liberté : Un congrès d'une quelconque structure aboutit généralement à l'installation d'instances dirigeantes. Avec votre appel à la tenue d'un congrès du hirak, celui-ci sera-t-il doté d'une direction nationale ? Saïd Salhi : Le congrès est surtout un espace de coordination, de réflexion et surtout de mise en lien des convergences. Il ne s'agit pas de la structuration du mouvement, mais de la mise en jonction de toutes les initiatives lancées par des organisations qui activent dans le hirak. Celui-ci représente tout le peuple, on ne peut pas le transformer en organisation, en association ou en parti. En revanche, le hirak est traversé par des sensibilités, existant déjà dans la société ou nouvelles. Aujourd'hui, il est plus que jamais urgent de doter le hirak d'un espace de coordination, ouvert, flexible et représentatif de toutes les sensibilités et initiatives qui y sont restées fidèles. Pourquoi une telle initiative aujourd'hui alors que la question de la structuration du hirak était déjà à l'ordre du jour il y a plusieurs mois de cela sans connaître de concrétisation ? À partir du mois de juin, il y a eu plusieurs initiatives de la société civile ou des partis. Il y a celle du 15 juin lancée par la société civile puis celle du 26 juin du Pacte pour l'alternative démocratique (PAD) et enfin du 6 juillet qui est une tentative de médiation et de rassemblement de toutes ces initiatives dans une conférence nationale pour une feuille de route unitaire pour le changement et la transition démocratique. Aujourd'hui, il y a des décantations, et nous estimons qu'il encourage à élargir et à renforcer cette initiative lancée par des activistes du hirak, des universitaires de diverses sensibilités et de différentes wilayas. D'aucuns peuvent voir dans cette initiative une réponse déguisée à l'offre de dialogue faite dernièrement par le président Tebboune. Un éclaircissement ? Cette initiative ne s'inscrit pas dans cette offre bien que, pour nous, la négociation et le dialogue soient un des moyens à utiliser pour arriver à une solution politique. Pour l'heure, il n'y a aucune offre sérieuse, d'autant que nous assistons encore à la continuité du système et de ses pratiques. Il ne peut y avoir de négociations du fait que l'activité politique est criminalisée et presque impossible, nos camarades sont encore en prison, les champs politique et médiatique sont encore verrouillés et les libertés démocratiques attaquées. En revanche, il est vrai que cette initiative s'adresse en premier lieu au hirak et en dehors de l'agenda du système qui nous a été imposé depuis juillet. Il y a nécessité de reprendre l'initiative politique en soutien à la mobilisation du hirak sur le terrain et, par conséquent, le dialogue au sein du hirak entre les diverses sensibilités qui l'animent est une urgence. Avez-vous pris attache avec les partis, notamment ceux qui sont dans le hirak, pour adhérer à votre démarche ? Quand comptez-vous créer cette espace de dialogue comme vous le nommez ? Il s'agit d'une première réunion organisée par un groupe d'activistes du hirak, à laquelle d'autres militants et animateurs ont été conviés. Le principe d'élargir la démarche, de contacter d'autres acteurs toutes sensibilités confondues toujours en phase avec le hirak est adopté. Une équipe de coordination avec un coordinateur est mise en place justement pour accomplir cette mission. Il y a encore un travail à faire, pour les contacts et l'organisation, avant d'aller à ce congrès, en tenant compte de toutes les expériences antérieures.