Ils sont 32 à avoir retiré, jusqu'à hier matin, les formulaires de candidature à la présidentielle du 12 décembre prochain, d'après le chargé de communication de la Haute instance d'organisation des élections. Parmi eux, les chefs de Talaie El Hourriyet Ali Benflis, d'El Mostakbel Abdelaziz Belaïd et d'El Bina Abdelkader Bengrina. Ces deux derniers ont, d'ores et déjà, annoncé leurs candidatures. Belaïd, depuis Tamanrasset où il a tenu un meeting, samedi dernier, a affirmé que «l'élection est la seule solution pour faire face aux grands défis économiques posés par des circonstances politiques». Bengrina, lui, a relevé le même jour, dans une lettre-programme, «l'existence d'une volonté politique pour garantir la réussite du scrutin présidentiel». Pour ce qui est de Benflis, il faudra attendre les conclusions de la réunion de son comité central qui se tiendra ce jeudi. Néanmoins, pour des observateurs, il ne fait aucun doute que l'ancien chef de gouvernement prendra part à cette joute électorale, et ce, au vu, entre autres, des positions de Talaie El Hourriyet vis-à-vis des derniers développements de la scène politique, notamment sa non-condamnation des arrestations de certains militants et activistes politiques. Il y a également le fait que celui-ci n'a pas éprouvé de difficulté à obtenir l'autorisation d'organiser son comité central qui se tiendra à l'Ecole d'hôtellerie (Eshra) de Aïn Benian (Alger), contrairement, par exemple, aux formations politiques de l'Alternative démocratique. Au-delà de la participation ou non de Benflis, celle-ci n'étant pas pour l'instant acquise, les regards seront braqués également, le week-end prochain, en direction du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderazak Makri, et du Front de la justice et du développement (FJD) de Abdallah Djaballah, dont les instances dirigeantes se réuniront respectivement les 27 et 28 pour se prononcer sur l'élection présidentielle. Le pouvoir en place aimerait bien voir ces deux formations islamistes s'engager dans l'élection. D'autant plus que, dès le départ, elles ont pris fait et cause pour l'option de la présidentielle. Un «bloc» nationalo-islamiste pourrait, de leur point de vue, contribuer à donner un minimum de garanties de succès à une élection décriée par la rue. Les deux «grands» partis du courant dit nationaliste, le FLN et le RND, sont désemparés, leurs anciens chefs étant en prison (le FLN en a même «perdu» deux depuis le début du hirak). Une candidature de leur part s'avérerait «contre-productive». Du côté du MSP et du FJD, par contre, c'est l'hésitation. Si l'on se fie au dernier communiqué du parti de Makri, on y croise des éléments de langage qui plaident pour une non-participation. Le MSP a en effet indiqué qu'il s'est vu interdire la tenue d'une réunion publique, samedi à Mascara. Le parti a fait remarquer que «les pratiques du système suranné d'entraves à l'exercice politique s'accroissent». Ceci, ajoute-t-il, en plus «des pressions sur les médias, la société civile et des arrestations politiques». Le MSP estime que «ces pratiques ne favorisent pas l'instauration d'un climat idéal pour l'organisation d'une élection libre et transparente». Le parti y voit même une «remise en cause» des acquis réalisés par le hirak populaire. Ce discours est-il un signe avant-coureur de la défection du parti de Makri ? En tout cas, si ces deux formations décidaient de ne pas y prendre part, l'élection du 12 décembre prendra un autre coup. Entre temps, les Algériens sont décidés à poursuivre leur rejet de ce rendez-vous, comme d'ailleurs ils l'ont fort bien exprimé vendredi passé, lors de la 31e manifestation, où la mobilisation a connu un net regain. D'ailleurs, les questions que se posent ceux qui sont tentés de participer à cette élection sont relatives au degré de détermination des Algériens, qui ont déjà fait annuler deux dates (18 avril et 4 juillet). Au cas où l'élection est maintenue contre vents et marées, les candidats pourront-ils tenir leurs meetings dans les conditions actuelles ? Les choses s'éclairciront certainement dans les jours à venir, lorsque les candidatures officielles seront exprimées.