La marche a été marquée par une forte participation des familles des détenus d'opinion. Si les tenants du pouvoir avaient nourri, ces derniers jours, un quelconque espoir de voir la marche de ce 22e vendredi annulée, ou tout au moins reléguée au second plan par la finale de la Coupe d'Afrique qui devait se dérouler en soirée, ils n'ont eu, finalement, droit qu'à une cinglante réponse du peuple qui, du moins à Tizi Ouzou, ne s'est pas contenté de maintenir le cap de sa mobilisation puisque, comme à chaque journée exceptionnelle, il a su faire preuve d'un grand génie en matière d'adaptation des slogans au contexte actuel. En effet, de nombreux slogans et messages établissant une relation assez intéressante entre le mouvement populaire et la rencontre sportive de la soirée ont fait leur apparition dans les rues de Tizi Ouzou : "Merci l'équipe nationale de football civile et non militaire. One, two, three viva l'Algérie et Gaïd Salah dégage de l'Algérie", "2e Coupe d'Afrique. 2e république", "Allez les Verts, les Algériens aiment le foot, ils aiment la liberté et ils détestent la dictature militaire", "Le peuple joue la Coupe du monde de la démocratie, l'équipe nationale de football joue la Coupe d'Afrique. Bonne chance pour les deux". "Bouregâa président", "On a remplacé Madjer par Belmadi et on a vu le résultat. Alors dégagez Bensalah et mettez celui que veut le peuple", lit-on, entre autres, sur des banderoles et des pancartes brandies par les manifestants qui ont, comme à l'accoutumée, investi la ville des Genêts par dizaines de milliers malgré la chaleur suffocante de cette deuxième quinzaine de juillet. Sur certaines pancartes, les manifestants usaient d'un grand humour pour faire passer un message en vérité lourd de sens. Sur l'une d'elles on pouvait lire : "Gaïd Salah, Bensalah, Bedoui : où étiez-vous de 1999 au 22 février 2019 ? Hors du terrain ? Dans les gradins ? Ou bien des titulaires dans l'équipe nationale d'el-îssaba de Bouteflika ? Dégagez !" N'ayant, évidemment, pas perdu de vue l'objectif premier du mouvement populaire, à savoir celui de l'instauration d'un Etat de droit et de démocratie en Algérie, les manifestants ont également scandé les slogans habituels. C'est surtout celui plaidant pour un Etat civil contre lequel a prévenu tout récemment le chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui a été une fois le plus repris par les manifestants. "Dawla madania, matchi âaskaria", revenait de manière récurrente dans tous les carrés de la marche depuis son départ à 13h30 de l'entrée de l'université jusqu'à son point de chute à la place de L'Olivier, à la sortie ouest de la ville. Tout au long de l'itinéraire de la marche, les manifestants scandaient également : "Chaâb yourid el istiklal" (le peuple veut l'indépendance), "Bensalah dégage, Bedoui dégage, Gaïd Salah dégage", "Ya men âach, ya men âach, Gaïd Salah fi El-Harrach", "Inas i l Gaïd tamurt agui Tamazgha matchi d'El-Imarat" (dites à Gaïd que ce pays est Amazigh et non émirati) ou encore "Djazaïr hourra democratia". Sur les nombreuses pancartes brandies, les manifestants délivraient des messages pour dire : "Halte au retour à la dictature militaire", "Nouridou marhala intiqalia, matchi marhala intiqamia", "Pour une justice indépendante". À noter que la marche d'hier a été marquée par une forte participation des familles des détenus d'opinion.